Trêve de plaisanteries. Voici venue l’heure fatidique de la rencontre au sommet des meilleurs joueurs de la planète. Samedi, se joueront les groupes C et D des phases finales des WCS. Tous deux détermineront qui des deux joueurs en leur sein méritent d’accéder à l’arbre à élimination directe et, peut-être, d'avancer plus loin encore.

Groupe C, le groupe de tous les possibles ?

Inutile de se voiler la face, aucun des quatre groupes proposés par Blizzard ne nous permet d’entrevoir avec certitude la sortie de groupe d’un joueur foreigner. Tous auront droit à leurs Coréens de service. Dans ce groupe C, Elazer et Kelazhur ont déjà la chance de se retrouver à deux dans un même groupe, ce qui pourrait faciliter leur propulsion dans l’arbre final. Si la raison nous oblige à contenir nos espoirs pour le Brésilien, qui fera directement face à Dark, peu s’en faut pour espérer voir le Polonais Elazer franchir l’obstacle. Dans cette entreprise, il sera, d’entrée de jeu, opposé à herO, un habitué des grands rendez-vous, mais qui signe là l’une de ses années les plus médiocres. En dépits d’un vivier de joueurs coréens toujours plus réduit, le Protoss peine à retrouver sa solidité d’antan sur la troisième mouture de StarCraft II. S’il lui arrive, parfois, d’être pris pas des éclairs de génie, herO s’échine à trouver sa place dans la méta de Legacy Of The Void. Trop souvent nous l’avons vu s’entêter dans des compositions d’armée inadaptées. Trop souvent, nous l'avons vu refuser de prolonger des parties pas forcément mal engagées. herO apparaît donc comme le joueur le plus prenable, d’autant plus dans le match-up ZvP, qui tourne à l’avantage des Zergs ces derniers temps et dans lequel Elazer est d’ailleurs le plus performant. Dans une interview, il nous confiait d'ailleurs être capable de sortir vivant de son groupe.

Reste encore à gravir la montagne Dark, finaliste de la dernière BlizzCon et quatrième de notre liste de prétendants au titre. Escarpée et sournoise, cette montagne fera son possible pour barrer la route aux foreigners. Kelazhur sera le premier à tenter l’ascension, à ses risques et périls. S’il perd, il tombera d’office dans le match des perdants. S'il gagne, il peut espérer tomber sur Elazer pour décrocher son ticket, que ce soit en match des gagnants comme en match décisif. Quant à Elazer, il n’y a rien de tel qu’un bon match miroir pour espérer renverser un adversaire supposé meilleur. Supposé, car Elazer, s’il ne reste qu’un « vulgaire » foreigner, figure, avec Neeb et Serral, dans le trio de tête des WCS. Il l’a montré l’an passé, alors que personne ne l’attendait à ce niveau et que tout le monde plaçait volontiers ses espoirs en d’autres occidentaux, le Polonais a non seulement surpassé son mentor Nerchio, mais il l’a aussi surclassé, en même temps que le Zerg Coréen Solar, alors considéré comme l’un des favoris de la compétition. Pour vaincre, Elazer devra élever encore un peu plus son ZvZ, qui lui avait permis de sortir vivant de son groupe, pour, ensuite, échouer à défaire un Dark impérieux. Car Dark, au-delà de sa figure de joueur coréen de haute voltige, est aussi la bête noire des foreigners. À ce jour, le Zerg coréen affiche un tableau de chasse sans équivoque : il culmine à 40 matchs remportés pour seulement 3 de perdus. Ces trois défaites remontent toutes à 2012, année de sa transition de Broodwar vers StarCraft II. En toute logique, il devrait donc sortir en tête de son groupe.

Avec beaucoup de réussite, Elazer pourrait donc parvenir à s’exfiltrer de son groupe à la première place, et avec un peu de chance, à la seconde place, en se défaisant par deux fois de herO. L’enjeu de ce groupe consiste donc à savoir qui de herO ou de Elazer dominera l’autre. Mais ça, c’est uniquement si tout se déroule de façon conventionnelle, avec un Dark dominateur et un Kelazhur en incapacité de rivaliser avec aucun de ses trois adversaires.
 

Groupe D, pour group of Death ?
 

Manque de bol pour notre champion finlandais Serral, dont nous vous retracions le parcours ici, s’il compte accéder à l’arbre final, il lui faudra se défaire d’adversaires parmi les plus redoutables de la scène compétitive. Sur sa route, le jeune Zerg croisera trois Coréens et aura affaire non pas à un mais bien à deux vainqueurs de GSL. Pour compenser cette malchance, Serral a la faveur de commencer par le moins coriace des deux, GuMiho. C’est TRUE qui, le premier, essuiera les coups de la machine INnoVation.  
 

Il ne faudrait pas écarter trop rapidement TRUE d’un revers de la main. Le Zerg excelle dans l’art de la fourberie, plus encore même que Dark et sOs. Capable de tout, assimilable à rien, rares sont ceux qui pourraient prétendre lire dans l’esprit du Coréen exilé en Amérique du Nord. Bien imprudent serait le joueur qui le sous-estimerait, car il pourrait très vite en faire les frais. Ce fut d’ailleurs longtemps l’une des tares d’INnoVation. Il est fréquemment arrivé à la Machine, convaincue de sa parfaite maîtrise du jeu et du total contrôle du déroulement de la partie, de se faire surprendre par une attaque dont seul TRUE détient le secret. Mais avec la suprême régularité d’INnoVation au cours cette saison 2017, sur laquelle Zehir est revenu pour vous, difficile de croire qu’il existe quelque faille dans ses défenses, et encore moins que TRUE trouve le moyen d’en profiter. Reste que les deux joueurs coréens, séparés toute l’année par le region-lock de Blizzard, ne se sont pas joués depuis juillet 2016. De fait, l’incertitude dont est nimbée leur rencontre devrait, en principe, profiter davantage au saltimbanque qu’est TRUE, et moins à la machine huilée qu’est INnoVation.
 

Opposé à un GuMiho certes moins visible et terrifiant qu’en milieu d’année, mais qui n’en demeure pas moins champion de GSL, Serral devra, de son côté, rester alerte, prêt à recevoir tous type d’attaques. Car à l’instar de TRUE, le Terran coréen dispose de ses propres recettes, curieuses, voire insolites, mais toujours relevées comme il faut. Ce match devrait donc être haut en couleurs, marqué par des attaques inhabituelles, des builds orders farfelus et des dénouements imprévisibles. Si Serral nous gratifie de ses splendides mécaniques et de ses run by de zerglings opportuns, qui sait, peut-être peut-il s'affranchir de ce premier adversaire. Mais il ne s'agira là que d'un premier obstacle, l'attendront ensuite soit un TRUE des plus fourbes, soit un INnoVation à peine essoufflé. 
 

Et si, comme nous, vous bouillonnez d'impatience rien qu'à l'idée de savoir qui seront les heureux élus invités à fouler la scène de la BlizzCon les 3 et 4 novembre, rendez-vous les 27, 28 et 29 octobre pour suivre les phases de groupe de la BlizzCon 2017 sur notre chaîne StarCraft II.