Un seul joueur revient à Paris. Un seul a réussi le pari fou d’être dans le Top 4 des deux Iron Squid. Il est Zerg, il est vieux et il fait grossir si on en boit trop. NesTea.
Je ne vais pas vous mentir. Pour un journaliste eSport, être objectif est notre mission, notre destin. Objectif tout le temps, enfin presque. On a tous nos joueurs préférés.
Si Mvp perd 4-0, je peux vous assurer que LeLfe vous prouvera par A+B que son joueur fétiche a néanmoins été bien meilleur que son adversaire vainqueur.
Pour moi, ce sont NesTea et MMA les deux joueurs qui me font perdre, ou du moins ébranlent, mon objectivité. Je sais reconnaitre quand ils sont mauvais, mais je sais aussi hurler comme tout fanboy qui se respecte quand ils écrasent le visage de leurs adversaires avec classe et skill.
Je vous laisse donc imaginer mon état de transe lorsqu’ils se sont tous les deux qualifiés pour Iron Squid I. Un rapport de police, que je conteste, évoque une course, entièrement nu, dans une grande avenue fréquentée de ma ville. Ils y comprennent quelque chose à l’eSport, les policiers ? A l’arrivée en France de vainqueurs de GSL ?
Laissons MMA dans son coin, il reviendra plus tard, et concentrons-nous sur NesTea.
Avant, le Zerg était un colosse effrayant, imbattable. Il fut le premier sur SC2 à venir éclater les Terrans et les Protoss, à une époque (révolue, c’est bien vrai) où les Zergs n’étaient pas censés pouvoir gagner un tournoi. Mais lui, NesTea, il l’a fait et il s’est imposé dès lors comme une méga star du jeu. Sa présence dans les groupes d’Iron Squid était déjà un événement, mais alors le voir réussir à atteindre Paris, c’était bien plus.
Rédacteur, à l’époque, pour un autre site, je suis allé à mes frais à Iron Squid avec une idée en tête, une priorité : il me fallait une photo avec le Géant Zerg. Ouais, exactement, comme une donzelle qui veut à tout prix sa photo avec Taylor Lautner devant le Virgin Megastore des Champs Élysée (RIP). Mais pour la photo, il fallait déjà avoir accès aux loges.
Après un intense harcèlement sur le pauvre Kaoru, le Panda a fini par craquer. « Tu as 5 minutes dans les loges, pas une de plus. » Mais pas de NesTea… Bon, m’étant comporté comme un prince, ne touchant à rien et ne sautant sur personne (à la surprise générale), Kaoru a étendu mon droit de loge. Manager et administrateur visionnaire, le Panda devait savoir qu’on allait bosser ensemble et qu’un beau jour de janvier j’allais écrire cet article pour vanter tous ses mérites. Bref.
Installé dans les loges comme dans mon propre palais, je suis parti en quête du NesTea.
Soudain, au détour d’un couloir, un géant tout de blanc vêtu avança vers moi. Il était là ! Bon, fallait pas se planter, se pisser dessus, hurler son nom et lui faire peur. Je parle mal anglais et il le comprend très mal, mais je lui fais passer l’essentiel, que je suis le président de la République, que j’ai acheté la compagnie d’avion qui lui a permis de venir en France et que je suis le véritable père de Luke Skywalker. Il est en confiance et me fait signe qu’il veut fumer dehors et que je dois l’accompagner.
Là, je le regarde fumer tranquillement, admiratif, en me disant aussi que je n’ai jamais vu un mec liquider aussi vite une clope. La scène est trop belle pour se dire que ce poison détruit des vies. Oui, ok, mais pas là ! On continue de discuter. Je lui raconte que je me suis déjà levé en pleine nuit pour le regarder jouer, que j’ai acheté un pass BlizzCon rien que pour le voir, etc.
Je lui dis aussi qu’on a plein de points communs avec pour idée qu’on soit meilleurs amis du monde avant la fin de la journée. « On est né la même année ! On est deux vieux ! » « Incroyable, tu portes des lunettes, et moi aussi quand je vais mater un film en 3D ! » « C’est dingue, tu es second dan de Kendo et moi je me suis régulièrement fait éclater en pratiquant le Jeet Kun Do. On est des guerriers ! », « Ah, c’est ouf, toi aussi tu respires par le nez ! » etc.
Il aurait pu appeler la sécurité, mais rien de cela, NesTea, c’est un grand. On a discuté à d’autres moments de la journée et il m’a même accordé une interview, rendue possible grâce à la traduction du jeune Zerg biGs, Suisse d’origine coréenne. Sans oublier les photos, nombreuses, dont celle-ci, où il m’a éclaté le bras, l’épaule et mise à mal ma dignité.
Quelques mois après, NesTea a déclaré dans une interview qu’Iron Squid était le tournoi qui l’avait le plus marqué et qu’il avait hâte de revenir à Paris.
Moi, j’y ai vu une farouche volonté de retrouver son pote Kere. Bon, ok, c’est surement davantage la qualité de votre accueil qui l’a séduit à ce point, les banderoles à son nom, les applaudissements et votre chaleur. C’est vrai qu’on l’a bien traité le NesTea. Et il est de retour.
Le moins que l’on puisse dire c’est que ce retour était loin d’être évident. Peu de temps après Iron Squid, NesTea a connu une longue et douloureuse traversée du désert. J’avais même émis la crainte de ne jamais le revoir en GSL après son élimination au premier tour du Code A à la rentrée. Il faut dire que NesTea a trente ans maintenant et que l’âge joue des mauvais tours.
Mais le Zerg a travaillé comme jamais. Son entraineur a ainsi déclaré qu’il ne s’était jamais autant entrainé pour deux événements en ligne de mire : la GSL et Iron Squid II. Pour la première, il a retrouvé sa place en Code A la saison passée puis celle en Code S dans la foulée. Respect. Pour Iron Squid II, il a éliminé le phénomène PartinG aux termes d’un Bo5 magique, puis a écrasé Scarlett. Il a réussi le bougre. Il est de retour chez lui, à Paris, et on va l’accueillir comme il le mérite, demain et samedi.
NesTea est un immense champion, et vous comme moi, nous ne sommes que des fans qu’il mérite amplement.
Vos derniers commentaires
Il me faut absolument une photo avec lui
venter --> vanter
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Sieg Heil!
J'avoue qu'avant de voir les games de Nestea, je me disais : "Bon. C'est un grand joueur Pro, il a fait son temps, mais c'est fini pour lui. Il est là car il a un nom."
Et en voyant les games... J'ai été bleuffé, estomaqué, complètement admiratif du style qu'il nous a montrer !
LE Nestea en forme, en grande forme, un truc de fou lorsqu'on pense à l'année dernière. C'est vraiment un régale à voir.
J'aurai aimé voir Scarlett à Paris, pour moi elle mérite qu'on parle d'elle. Elle s'est fait sortir par un très grand Nestea, c'est le jeu.
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