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27 sept. 2016 - Hatnuz League of Legends

I May, ces surprenants Chinois

À quelques jours du lancement de l'édition 2016 des Worlds, nous continuons notre tour des équipes qui, si elles ne sont pas toujours sous le feu des projecteurs, feront bel et bien partie de la phase de groupe et méritent tout autant qu'une autre leur passage à la loupe. Aujourd'hui, nous allons faire connaissance avec la surprenante et toute fraîche équipe I May. Peu voire pas connue du grand public, la structure chinoise tentera de se frayer un chemin dans le groupe B.

Une entrée remarquée

Pour peu que l’on ne soit pas familier avec la ligue chinoise, il est probable que l’on n’ait pas eu connaissance d’I May (prononcez « ail-mey ») avant sa qualification pour les championnats du monde. Et c’est bien normal car l’équipe n’existait tout simplement pas sous ce nom avant mai. Il s’agissait en fait de la deuxième team des Edward Gaming (une sorte d’ « Edward Gaming Academy ») qui a donc, selon les règles en vigueur, changé son nom pour devenir I May lorsqu’elle a remporté l’équivalent des challenger series chinois. L’équipe est alors composée de joueurs très peu connus mais également de noms comme AmazingJ à la toplane, ou encore Athena au mid. Ah je vois d’ici que ce dernier vous rappelle vaguement quelque chose.  Il s’est effectivement fait connaître en Europe en gagnant un tournoi IEM il y a quelques mois avec son ancienne équipe : les ESC Ever.

Pour accompagner les solo laners, on trouve Avoidless dans la jungle ainsi que le duo Jinjiao-Road, respectivement AD carry et support.

Lors de sa première semaine de compétition en LPL (divisée en deux poules de six équipes), I May s’offre deux victoires contre les OMG et les LGD. Une entrée en matière qui sonnera comme le début d’un rêve pour les joueurs du coach Kezman. Pourtant ce n’est réellement qu’en Playoffs que l’équipe élèvera son niveau de jeu. Tout d’abord en écartant les Invictus Gaming ainsi que les Snake Esports, mais surtout en poussant la royale équipe RNG dans ses retranchements lors d’un très gros BO5 en demi-finale.

Et c’est finalement aux termes d’un ultime duel contre World Elite qu’Athena et ses coéquipiers arracheront leur ticket pour les Worlds (victoire 3-2). Comme Origen l’année passée, I May s’offre la plus grande scène internationale quelques semaines après son intégration au meilleur niveau régional.

Un miracle et des larmes

Si elle tient du miracle, cette qualification est tout sauf un vol pour l’équipe qui a impressionné durant la totalité des Playoffs et du régional qualifier. Éliminant toutes les équipes chinoises plus expérimentées sur son passage (Invictus, World Elite, Snake), enchaînant match après match avec le sérieux et la rigueur nécessaires au meilleur niveau. Des aspects du jeu trop souvent sous-estimés par les structures chinoises. L’équipe ne lâche rien et, même loin derrière son adversaire, se bat pour chaque centimètre de terrain.

Nous sommes un quart d’heure avant la qualification de I May, l’équipe vient de perdre le Baron Nashor et le Dragon Ancestral. Elle accuse 10 000 gold de retard. Si vous n’avez pas vu ce comeback tout simplement légendaire dans une des plus grosses games de l’année, foncez. Les larmes de joie d’AmazingJ, submergé par l’émotion, valent à elles seules le détour.

Un moment historique qui donne déjà à l’équipe une sacré expérience de la tension que l’on ressent sur scène. Plus que de l’expérience, c’est finalement une vraie dynamique positive dans laquelle s’est engagée I May, notamment par la mise en place d’une rotation très fréquente entre Athena et son remplaçant Baeme. Seul c’est bien, à dieux c’est mieux (elle était facile).

La « pro » attitude

En plus d’une ténacité de tous les instants, il faut désormais ajouter de l’imprévisibilité non seulement par ces changements réguliers, mais également par le champions pool relativement étendu des autres pointures de l’équipe.  On a par exemple pu revoir du Nautilus à la toplane, un pick qui permet à AmazingJ, capitaine et shotcaller de l’équipe, de plus facilement dicter le focus. L’ancien joueur des Edward Gaming a d’ailleurs pris de plus en plus d’importance au sein de l’équipe, mais il n’a pas le monopole des champions quelques peu hors-méta. Ainsi Jinjiao nous a montré que son Kog’maw n’était pas à sous-estimer.  Un large choix que ne partage cependant pas Athena, plus à l’aise sur des picks comme Malzahar ou Lissandra. Mais celui-ci compense largement ce choix restreint par une capacité à ne jamais ou quasiment jamais mourir. En effet Athena ne partage que 12.9% des morts de son équipe en moyenne (autrement dit sur cent morts de l’équipe I May, Athena n’est mort que treize fois, seul Clearlove est en dessous en LPL). L’ancien midlaner des ESC Ever est un roc, solide et fiable.

L’adjectif qui définirait le mieux I May pourrait être « professionnel ». L’attitude des joueurs, la solidarité dans le jeu, les prises de décision limpides. Des accros ici et là mais toujours suivis d’une reprise de confiance. Et le plus important, du cœur. Les joueurs mettent du cœur à l’ouvrage, on s’investit corps et âme dans son équipe pour la faire gravir des sommets très loin d’être attendus au début du Split. Dans une région qui a historiquement connu des problèmes d’investissement de la part des joueurs dans le jeu, une équipe qui travaille, fait tourner son effectif, se bat, crie et pleure est véritablement humaine. Elle essaie, du haut de ses quelques mois au plus haut niveau, de paraître le plus « pro » possible.

I May possède de nombreux atouts qu’une équipe met parfois de longs mois à acquérir. Des détails qui pourraient faire la différence dans un groupe B où les tacticiens seront à pied d’œuvre pour trouver la faille à exploiter chez l’ennemi.

Sous ses airs de poule indécise, le groupe B pourrait se muer en groupe de la mort…

Tout à gagner

On ne va pas refaire l’analyse du groupe B (que vous pouvez retrouver ICI) mais, à la lumière de ce que nous venons de voir, on peut déjà dire qu’I May n’a pratiquement rien à perdre. L’émotion lors de sa qualification contre WE témoigne du fait qu’AmazingJ et ses  coéquipiers n’imaginaient pas une seule seconde jouer ces Worlds. Ce dernier a d’ailleurs l’occasion de renouer avec le succès après l’amère défaite 0-3 contre Fnatic il y a un an de cela. Pour les autres, ce sera le grand plongeon !

Un match d’ouverture face aux Flash Wolves permettra sans doute au coach Kezman de récolter des informations le plus vite possible. Face aux têtes pensantes de SKT T1 et de Cloud 9, mieux vaut avoir un plan de secours.

Cela fait un peu formulation de commentateur de foot, mais I May ne doit pas calculer. Sur papier ses joueurs ont affronté de plus redoutables menaces et seul SKT semble mécaniquement au-dessus.

L’équipe est l’une des invités surprises de ces Worlds 2016 et, si elle n’a pas vraiment le profil pour jouer le rôle des Taipei Assassins vainqueurs en 2012, il faudra se méfier du courage et du jusqu’au boutisme de ces joueurs qui se battront pour que plus jamais quelqu’un ne se demande qui sont ces surprenants Chinois…

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