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02 sept. 2017 - Kyoomei League of Legends

TekTek : élégance et discrétion

TekTek : élégance et discrétion

Dans une semaine chargée, placée sous le signe des préparatifs avant le grand show, TekTek a bien voulu nous accorder un peu de son temps. Pour discuter de lui, des finales, et de l'esport en France. Rencontre avec un caster discret, mais toujours juste.

Bonjour TekTek ! Pour commencer, peux-tu nous parler un peu de toi, et de la façon dont tu es arrivé chez OG ?

Bonjour ! Je suis TekTek, Matéo Rogé dans la vie de tous les jours. Je suis game designer de formation, donc mon intérêt pour les jeux vidéo est assez global, et ne concerne pas simplement l’esport et League of Legends. En ce qui concerne mes débuts chez OG, j’ai d'abord suivi la chaîne de Chips et Noi, puis leur évolution sur du cast compétitif. Cela remonte à la saison 2. Ma première grosse émotion, c’est la game M5-Dignitas où les M5 réinventent le double-jungle et détruisent la Shyvana adverse (ndlr : première partie de la finale des IEM World 2012).

En suivant leur actualité, j’ai appris que Chips et Noi voulaient mettre en place un projet basé sur le financement participatif, qui est devenu Tales of The Lane. À l’époque, j’avais un peu d’argent de côté, et l’utiliser pour aider à construire un projet esport en France me semblait être une bonne idée. Je suis donc devenu co-producteur sur cet événement, et j’ai pu assister aux phases online dans les locaux. Par la suite, j’ai commencé à venir régulièrement assister aux matches, les gens me reconnaissaient puisque j’étais souvent là, et je pouvais profiter de parties compétitives avec d’autres amoureux d'esport.

Puis, en 2013 ou 2014, Noi s’est retrouvé en solo suite à un imprévu du côté de Chips. J’étais présent, et j’essayais de lui donner des idées sur les matches. Sur l’une des games, un Twitch est pick contre Tristana, et je dis à Noi : « Ils devraient swap, tu verras, la botlane va partir topside ». La game se lance, la botlane swap, et Noi me tend un micro en me disant : « Bravo, t’as gagné un micro, commente avec moi. » Et c’est comme ça que j’ai commenté ma première game de League of Legends !

Par la suite, tu t’es fait ta place petit à petit, le crew t’a laissé de nouvelles opportunités ?

C’est ça. À la fin de cette partie, Noi avait trouvé que j’avais assez bien commenté. À cette époque, il n’y avait globalement que Chips, Noi et Zab dans l’équipe de cast, et ils cherchaient de nouvelles personnes pour les aider. Donc, de temps en temps, lorsqu’ils avaient besoin d’un remplacement, il me contactaient. Je me suis aussi entraîné de mon côté pour résoudre les problèmes que j’avais au départ, notamment au niveau du play-by-play. J’ai véritablement commencé à cast avec l’EPSI-League, une compétition universitaire française, et le début des LCS NA. Et fin 2014, je suis devenu un commentateur régulier.

Comment Chips, Noi et Zab t’ont-ils aidé à améliorer ton cast, après tes débuts improvisés ?  

Au début, cela se faisait surtout via des retours en fin de game. De plus, en castant toujours avec les mêmes personnes, des automatismes se mettent en place, et cela facilite beaucoup les prises de parole, et la fluidité dans le commentaire. L’un des premiers retours que j’ai eu, c’est : « Le play-by-play, laisse tomber, on va s'en occuper ! » (rires). Je pense que mon statut de « touriste » au départ m’a aussi aidé. L’une des difficultés lorsque l’on commence le cast, c’est d’apprendre à ne pas monopoliser le temps de parole. Mais puisque j’avais parfaitement conscience que mes collègues avaient plus d’expérience, c’est quelque chose que j’ai fait assez naturellement, et j’ai ensuite pu me concentrer plus précisément sur les points faibles de mon cast.

Par ailleurs, lorsqu’on prépare un gros événement, on se retrouve généralement à plusieurs, et on commente sans s’enregistrer. Certains écoutent simplement les autres, et signalent ce qui allait ou n’allait pas.

Lorsqu’on arrive dans ces circonstances au milieu de personnalités déjà bien assurées, comment fait-on pour ne pas effacer ses propres spécificités ?

Quand j’ai abordé le cast, je connaissais uniquement Chips et Noi, et Pomf et Thud. Fatalement, il y a certaines expressions ou habitudes que je copiais. Mais en parallèle, on m’a souvent dit que mon commentaire était assez bon dans l’ensemble, je n’ai donc pas eu besoin de me travestir, même si je suivais évidemment les conseils que l’équipe me donnait.

Quand on pense à Tektek, on pense forcément à ton désormais célèbre noeud papillon. Pourquoi as-tu décidé de jouer sur ce style ?

Évidemment, on surjoue tous un peu certains aspects de notre personnalité. Dans mon cas, le mec sympa, bon enfant… et puis un jour, ça m’a fait rire d’arriver avec un nœud papillon orange et un petit gilet. Le public a apprécié, j’ai donc décidé de conserver cette idée. Cela ne me dérange pas, puisque c’est une image plutôt cool, plutôt unique, et je l’ai un peu travaillée par la suite.

Quelles sont tes particularités en tant que caster par rapport aux autres membres du crew ?

Je pense que par rapport aux autres, j’ai assez peu de haters. De manière générale, je crois que les gens apprécient ce que je fais mais en parallèle, il est aussi assez rare d’entendre quelqu’un dire « c’est vraiment génial ce que fait Tektek ! ». De fait, je peux suivre le chat assez sereinement, et me concentrer rapidement sur les critiques qui ont du sens.

Comment as-tu été choisi pour commenter à l’AccorHotels Arena ?

Riot a laissé beaucoup de liberté à O’Gaming sur cet événement. Chips et Noi, ainsi que la prod' OG ont pu décider des membres du crew, organiser le spectacle, faire le choix du tri-cast… Cette année, on me surnommait « la dépanneuse » : parfois, on m’appelait pour venir cast les LCS NA de minuit à 4h du matin, et j’étais d’accord (rires). Il faut croire que cet investissement a fini par payer. Je suis aussi plutôt facile à gérer, et je pense que mon cast s’est largement amélioré sur les derniers mois, c’est donc sûrement cet ensemble qui a convaincu l’équipe de m’intégrer aux commentateurs pour les finales.

Comment vous êtes-vous préparés pour l’événement ? Avez-vous eu des éléments supplémentaires à prendre en compte de par la taille de la salle ?

Personnellement, je ne me suis pas du tout occupé des contraintes liées à l’ampleur de l’événement, ou de l’organisation de la partie « show ». Pour moi, le changement majeur, c’est le passage en tri-cast. Les rôles seront assignés de façon bien plus précise : par exemple, je serai analyste. Mon but sera donc d’apporter une vision beaucoup plus technique de ce qui s’est passé ou de ce qui va se passer, et on attend de moi que je puisse créer une analyse plus poussée que ce qu’on a le temps de faire en duo-cast. C’était mon profil au départ, mais à force de travailler à deux, ce caractère spécifique s’efface, il faut donc réussir à le remettre en avant.

Le deuxième point, c’est qu’en étant analyste, je ne fais plus de play-by-play. Cela change donc beaucoup de choses au niveau de la prise de parole, qui sera essentiellement orchestrée par le deuxième caster play-by-play… mais pas toujours ! Il faudra aussi s’imposer de temps en temps et oser prendre les devants.

D’un point de vue personnel, si tu avais un objectif précis à te fixer pour cet événement, quel serait-il ?

Il faudrait que tous les gens qui seront dans le public me suivent sur Twitter ! (rires) Plus sérieusement, je suis sans doute le caster que les gens connaissent moins, j’ai une fanbase beaucoup plus petite… Donc mon objectif serait d’être reconnu en sortant de l’Arena, et que les gens me considèrent vraiment comme un caster à part entière.

Prenons un peu de hauteur de vue. Comment vois-tu l’évolution de l’esport en France dans les années à venir ? Peut-on envisager de remplir des stades de foot, comme à Séoul lors de la finale des Worlds 2014 ?

En ce qui concerne l’évolution d’OG, on essaie vraiment de grandir sans perdre notre âme et ce qui fait notre particularité dans le milieu. De façon plus générale, je suis convaincu qu’on remplira un jour des stades de foot, même s’il est difficile de dire quand exactement. Mais je ne vois aucun problème qui pourrait empêcher l’esport de se démocratiser, d’autant plus que le gouvernement a fait des efforts pour aider l’écosystème et son développement. Si on regarde l’industrie du jeu vidéo dans sa globalité, elle génère un chiffre d’affaires supérieur à celui de l’industrie cinématographique. On a même entendu récemment des débats sur l’introduction de l’esport aux JO… La Corée a quelques années d’avance sur nous, mais on va les rattraper, c’est certain. En tout cas, à l’heure actuelle, une salle comme l’Arena est parfaite.

Si le milieu continue effectivement à croître, et que tu dois un jour faire un choix entre ta carrière dans l’esport et celle de game designer, quel choix ferais-tu ?

Mon objectif n’est pas de travailler à plein temps dans l’esport. J’apprécie énormément mon travail chez O'Gaming, mais dans l’idéal je préférerais faire une carrière dans le développement de jeux vidéo – pourquoi pas esportifs ? Je m’intéresse aux jeux dans leur globalité, pas seulement aux compétitions. Bien sûr, il est impossible de prédire l’avenir, ce sera donc avant tout une question de circonstances.

On ne peut pas terminer sans parler un peu de nos deux matches à Bercy. Quel est ton avis sur la petite finale Fnatic - H2K ?

La grosse surprise de ce match, c’est d’y retrouver Fnatic. Suite à leur excellente saison, tout le monde les voyait aisément atteindre la finale. Je les vois tout de même l’emporter, peut-être 3-1, qui est le score par défaut dans ces conditions ! Malgré cela, ces deux équipes ont beaucoup d’expérience et un excellent niveau, et H2K garde de vraies chances. Mais en-dehors du match face à Misfits, qui a d’ailleurs plus à voir avec le très bon niveau affiché par ces derniers qu’avec une grosse contre-performance de Fnatic, celle-ci a montré un meilleur niveau que H2K cette année.

Pour la grande finale G2 - Misfits, on se demande bien sûr tous si Hans Sama peut être porté par le public pour s'imposer…

Ce serait évidemment un rêve de le voir triompher, le lendemain de son anniversaire, pour son premier Split en LCS, et le tout à Paris ! Cela dit, je pense que les Misfits ont « surperformé » contre Fnatic, et il faudra sans doute réitérer cette performance pour l’emporter. Même si les G2 n’ont pas fait leur meilleure saison, je les vois favoris malgré tout, mais ce sera serré, peut-être un 3-2. Perkz a été très en forme sur ses derniers matches, et Zven semble revenir à son niveau après un passage à vide… mais là encore, son duel face à Hans Sama sera évidemment le centre de l’attention !

Un dernier mot à adresser à nos lecteurs ?

J’espère vous voir à l’Arena si vous avez pu prendre vos places pour cet événement, sinon, à très bientôt sur le chat ! N’oubliez pas non plus la finale du Regional Qualifier coréen samedi matin entre KT Rolster et Samsung pour savoir quelle équipe obtiendra le dernier ticket qualificatif pour les Worlds.


Nos sincères remerciements à TekTek pour son temps et sa gentillesse, en lui souhaitant de passer un excellent moment sur la scène de l’Arena pour cet événement exceptionnel !

Et pour le suivre sur Twitter, c’est par ici !


 

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