SKT - SSG : tout a changé
Pour la première fois dans l’histoire de League of Legends, nous avons deux finales successives identiques. SKT T1 et Samsung se sont toutes deux débarrassées de leur adversaire chinois et se disputeront le trophée lors de l’ultime match de la saison. Or si les deux équipes sont à peu de choses près les mêmes qu’il y a un an, presque tout le reste a changé et rarement une finale n’aura parue aussi indéterminée.
Un an après…
Souvenez-vous, c’était il y a pratiquement un an jour pour jour. Samsung s’inclinait au bout d’un BO5 démentiel contre SKT, avec cette 3e game de 71 minutes et deux ADC au-delà de 100 000 points de dégâts. Faker et ses acolytes repartaient avec la Coupe de l’Invocateur en étant la première équipe à conserver son titre mondial.
Quel spectacle nous réserve le somptueux « Nid d'oiseau » à Pékin ? Crédits : Lolesport.
Durant la saison, pourtant, peu d’indices nous laissaient à penser que nous aurions une redite en finale. Samsung apparaissait solide et appliquée, mais semblait chercher un second souffle à la fin de l’été. Durant la même période, les joueurs de SKT ont fait très peur à leur public avec un passage à vide au retour des Rift Rivals. À ce moment-là, des formations comme KT ou Longzhu semblaient en bien meilleure posture. Mais le jeu est ce qu’il est et nos deux équipes en manque de confiance n’ont fait que progresser depuis. Jusqu’à arriver en finale où elles affichent deux styles de jeu assez similaires sur le fond (on fait le dos rond en début de partie et on table sur de bon gros teamfights, quitte à partir sur des parties de 50 minutes) mais très différents sur la forme (l'emphase est davantage mise sur Faker chez les champions du monde alors que leurs dauphins se concentrent sur Ruler).
L’éternelle rivalité
Revoir Samsung et SKT en finale des Worlds, c’est ce que n’importe quel amateur de beau jeu pouvait espérer. Nous avons là les deux équipes avec le plus gros palmarès de l’histoire du jeu, deux noms légendaires qui ont vu défiler un nombre incalculable de joueurs phénoménaux.
À la veille de l’affrontement, les joueurs pensent certainement à cette finale, il y a un an. On pourrait y trouver des similitudes mais détrompez-vous, si les équipes sont les mêmes, presque tout le reste a changé.
1) Le double visage SKT
L’année passée, la formation de coach kkoma sortait auréolée d’une victoire en demi-finale contre les favoris de la compétition : Rox Tigers. Mais cette année, le moins que l’on puisse dire est que l’équipe n’est pas en grande forme. Une victoire in-extremis arrachée contre Misfits, un BO tout aussi disputé contre RNG, SKT a joué beaucoup de matchs et a surtout dévoilé un double visage. Le visage fébrile que SKT adopte de plus en plus souvent en midgame (et qui se traduit parfois par des incohérences de communication, ce qui a toujours été le point fort de l’équipe), et un visage plus solide qui a plus d’une fois sauvé Bang et compagnie alors qu’ils se trouvaient au pied du mur.
Menés 1-2 et assiégés par Misfits, les joueurs coréens nous sortent une merveille de défense et sortent enfin la tête de l'eau après un début de partie très moyen.
Une bipolarité qui ne rassure ni les fans ni les observateurs qui parlent de « la moins bonne équipe SKT depuis trois ans ».
2) De nouveaux joueurs à l’équation
Il est un homme qui l’année passée a sauvé le navire SKT alors que tout brûlait, vous vous souvenez certainement de sa Nidalee en finale, vous vous souvenez de ses coups de génie et de sa science de la victoire. Cet homme, qui manque tellement à l’équipe, c’est le Général Bengi et ni Peanut ni Blank n’ont pour l’instant réussi à le faire oublier. De même, Huni a alterné avec le bon et le moins bon ces derniers matchs, faisant parfois regretter la solidité des tanks de Duke.
De l’autre côté, Haru (ancien jungler de SKT T1 S, cela pourrait s’avérer utile dans le BO5) n’a pas été non plus en confiance chez SSG et reste un second choix derrière Ambition.
Haru (ici deuxième en partant de la gauche) n'a pu s'exprimer que sur un Ezreal jungle contre Fenerbahçe. Aura-t-il l'occasion de montrer plus en finale ? Crédits : Riot Games
Comparé à l’année passée, les deux équipes ne se sont pas spécialement renforcées, en revanche certains joueurs ont fait évoluer leur style de jeu.
3) Samsung joue dans son terrain de jeu
Rarement Ambition n’aura été autant dans son élément que ces dernières semaines. Des picks comme Sejuani ou Gragas lui vont à merveille et lui permettent de ralentir le tempo de la partie le temps que ses coéquipiers amassent farm et gold.
Il y a un an, les matchs s’emballaient très rapidement entre autre à l’initiative du support et de ses mouvements sur la carte. Mais cette année, les arrivées de champions statiques comme Twitch et Kog’maw forcent la duolane à rester groupée comme un seul homme. De fait la partie suit un rythme plus constant et cela sied parfaitement à Samsung.
4) Une méta moins agressive
On a déjà largement évoqué cette méta défensive et protectrice au possible, mais si l’on compare les champions joués dans la finale 2016, beaucoup n’ont même pas mis un orteil dans ces phases finales.
C’est le cas pour plusieurs champions largement joués par SSG comme Viktor (Crown se consolera peut-être en sortant un Aurelion Sol des familles), Zyra ou encore Ekko. À la place, les drafts devraient comme depuis le début du tournoi se concentrer sur les picks à engage (Rakan en ligne de mire), mais nos deux coachs auront à cœur de se réserver quelques surprises.
Contre RNG, on a vu Wolf marcher sur les traces d’Ignar en s’essayant à des champions beaucoup plus agressifs (voire carrément all-in) avec plus ou moins de réussite. De manière générale, ce ralentissement de méta ne devrait pas privilégier une équipe en particulier, tant nous avons là les deux maestros du late game. Crédits : Riot Games.
Plusieurs indicateurs nous laissent à penser que SKT est loin d’avoir remporté la partie. L’histoire a failli être écrite avec Misfits, elle a failli l’être avec RNG, mais finalement c’est peut-être un signe que la domination outrageuse d’une formation coréenne ne peut être arrêtée que par une autre formation coréenne. Si cela s’avère être le cas samedi, un trophée mondial ne suffirait pas à représenter le titanesque travail abattu par Samsung depuis sa remise à zéro il y a deux ans et demi.
Rendez-vous samedi 4 novembre dès 7h du matin (le skill ne fait pas la grasse matinée) pour vivre la finale des Worlds 2017 en direct de la PGW, ou sur O'Gaming LoL !
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