d

14 juil. 2017 - Hatnuz League of Legends

Rift Rivals : dans le chaudron asiatique

La nouvelle compétition de Riot ne se déroulait pas qu’en Europe. Loin d’être aussi couverts sur le vieux continent, les Rift Rivals asiatiques se déroulaient entre les trois ligues majeures, afin de savoir qui de la Corée ou de la Corée se rendrait maîtresse de la région. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les amateurs de beau jeu, de retournement de situation et de dénouement inattendu ont été loin d’être déçus. Car vous n’avez pas rêvé, c’est bien la Chine qui s’impose finalement.

Trois régions, une arène

Parce qu’elle contenait non pas six mais douze équipes – et non pas entre deux mais trois ligues différentes – la phase de groupes de ces Rift Rivals peut se synthétiser par un gros champ de bataille avec d’innombrables matchs. Les duels entre la LMS, la LPL et l’inévitable favorite LCK furent nombreux et avaient un niveau incroyablement élevé. C'est peut-être d'ailleurs l’un des enseignements qui font le plus peur de cette semaine : deux des trois régions ont proposé un niveau de jeu que l’on n’attendait pas, les joueurs se sont tous transcendés et cela débouche automatiquement sur des matchs de très haute voltige.

L’enjeu de cette phase de poules était relativement limité, puisqu’il consistait uniquement à définir la région avec le plus de victoires qui attendrait en finale, tandis que les deux autres s’affronteraient dans un Bo5 au format inédit, mais pas inconnu. Les adeptes de StarCraft auront ainsi reconnu une certaine similarité avec la feue Proleague, où chaque match du Bo était joué par un joueur qui rapportait des points à son équipe en vue de la victoire – ici en l’occurrence, les équipes faisaient gagner des points à leur région.

Ce qu’il ne fallait pas rater

Mais l’enjeu limité ne nous a pas empêché de voir de très belles choses, comme par exemple le Samsung vs Edward Gaming où Clearlove a décimé les rangs coréens avec sa Evelynn.


Surprise ! Clearlove renoue avec ses premiers amours, comme ici où il offre un doublé à son équipe.
Crédits : Riot Games.

Mais de l’autre côté, Ambition lui rendait la politesse en éradiquant systématiquement les carries de l’équipe chinoise, bien aidé par un Cuvee impérial lui aussi. Les combats sont extrêmement tendus et il faut toute la détermination coréenne pour sortir vainqueur de ce sanglant duel.


Oui oui, c'est bien un ultime de Gnar à 3000 elo que Cuvee nous propose. L'un des nombreux grands moments de ces Rift Rivals. 
Crédits : Riot Games.

De manière générale, les poules sont dominées par les quatre équipes venant de Corée, à l’image de SKT qui balaye des Flash Wolves impuissants et démunis.


Pour aider à la mise en place du combo dévastateur Jax-Kalista-Rakan, Peanut a une fois de plus fait étalage de sa science du jeu.
Crédits : Riot Games.

Une éclatante victoire qui sera réitérée par les champions du monde en titre contre World Elite le lendemain, en 25 minutes. À la fin des deux premiers jours de compétition, il ne fait aucun doute que c’est encore un trophée qui partira au Pays du Matin calme.

Mais la région qui a indéniablement illuminé la Faille de l’invocateur, c’est la LMS. À aucun moment ces équipes n’ont cessé d’être agressives, dosant leurs incursions et leurs escarmouches avec une précision chirurgicale. Chez AHQ, le chirurgien s’appelle Mountain, et il a été fabuleux sur Lee Sin tant en phase de poules qu’en demi-finale lors de cet incroyable match contre Edward Gaming. On avait rarement vu un joueur maîtriser autant le kick du moine aveugle.


Alors qu'il vient de out-smite Mlxg, la pépite taïwanaise évite l'ultime de Gragas avec son flash, tout en se positionnant admirablement pour envoyer ce dernier sur le Corki, menant à la future mort des deux joueurs RNG. Un geste fou à voir et à revoir.
Crédits : Riot Games.

L’autre monstre chez AHQ Esports, c’est l'ADC AN. Souvent critiqué pour son inconsistance et son agressivité maladive, il a mis tout le monde d’accord sur ce tournoi, tant il a illuminé ce match contre EDG avec la meilleure Xayah qu’il nous a été donné de voir jusqu’à présent. Avec trois inhibiteurs détruits à 45 minutes de jeu, le joueur taïwanais, aidé par son support, se dresse entre son Nexus et quatre ennemis qu’il repousse dans un invraisemblable baroud d'honneur, malgré l’arène de Jarvan.


AN a historiquement adoré jouer des ADC de type « hard-carry » et c'est tout naturellement qu'il est performant sur un champion comme Xayah.
Crédits : Lolesports.

En terminant le match sur un score de 13/1/11, il est désigné MVP après la victoire de son équipe en 62 minutes de jeu et 48 kills : incontestablement l’une des parties de l’année qu’il vous faut absolument voir (ne serait-ce que pour admirer le Zhonya dans l'équipement du Lee Sin en fin de partie, quand on vous dit qu'elle était folle !).

Parmi les autres grosses performances individuelles, on soulignera encore Betty chez Flash Wolves qui nous gratifie d’un combat venu d’un autre monde contre World Elite.


Encore un moment dingue de ces Rift Rivals : la Kalista de Betty sort coup sur coup une esquive du jump de Rakan, des tirs d'artillerie de Corki puis du jump de Jarvan. Sur une autre planète...
Crédits : Riot Games.

And the winner is ….  China ?

Devant un public taïwanais très nombreux, la finale opposait donc la toute-puissante Corée (formée de SKT-KT-Samsung et MVP) au quatuor chinois (EDG-WE-RNG-OMG) qui avait la veille arraché sa victoire contre la LMS. Un duel qui n’allait rien faire d’autre que de confirmer que la Corée était au-dessus du reste.

Sauf qu’à force de déjà vendre la peau de l’ours chinois sur Ebay, les équipes favorites ont peut-être abordé leur unique match un peu trop légèrement. C'est de manière un peu invraisemblable que la Chine s'impose sur le score de 3 à 1.


Les quatre équipes chinoises réunies sur scène pour la remise du trophée, le premier de la LPL depuis le MSI 2015. 

Samsung et SKT passent toutes deux à côté de leur match, et le sursis accordé par KT Rolster n’a pas suffi puisque MVP devait encore sauver une balle de match contre Royal Never Give Up. Mais ces derniers s’imposent logiquement et la LPL repart donc avec le trophée.

S’il est clair que plusieurs facteurs viennent largement tempérer cette victoire (le format de la finale en Bo1, le manque d’enjeu, etc.), celle-ci met en avant ces équipes chinoises qui élèvent leur niveau de jeu sur la scène internationale. Quand on connaît le passif de la région aux Worlds des deux dernières années, c’est une avancée que l’on ne peut nier.


Mystic, vieux briscard de chez World Elite, ainsi que Zet, petit nouveau chez EDG, ont tous deux marqué des points sur des choix alternatifs comme Kog'Maw ou Kalista.

Ces Rift Rivals asiatiques auront surtout révélé le potentiel de certains joueurs, et l’on se souviendra bien plus des grosses performances individuelles observées que de la victoire finale.

Que retenir des Rift Rivals ?

La nouvelle compétition de Riot à présent terminée sur tous les continents (on se battait aussi du Brésil en Océanie), on se permettra un petit aparté de conclusion pour un tournoi qui avait comme principale tâche de remplacer les IEM, après la rupture de contrat entre l’ESL et Riot.

Lorsque l’on a appris qu’il n’y aurait plus de tournoi League of Legends aux cultissimes Intel Extreme Masters, bien peu de gens se sont réjouis. Ce n’est pas un hasard si l’annonce du divorce coïncidait presque jour pour jour avec l’annonce des Rift Rivals, une « nouvelle compétition » pour divertir les amateurs de tournois et servir de pause au milieu du split. Beaucoup d’annonces en peu de temps, cela a eu comme effet de l’attente, particulièrement en Occident où il avait dès le début été annoncé que le tournoi serait un duel entre l’Europe et l’Amérique du Nord, une sorte de Battle of the Atlantic gigantesque.

Malheureusement, force est de constater que c’était là le seul enjeu de ce tournoi et l’absence de beaux matchs en Europe n’a pas vraiment permis de tirer d’autres conclusions que celle fournie il y a quelques jours

Si l’on peut dès lors se montrer déçu de cette nouvelle compétition en Europe, l’Asie semble avoir encore une fois trouvé le bon filon. Avec un format inédit et un affrontement entre trois ligues, on a largement mis l’accent sur le jeu plutôt que sur le résultat. Au diable le cashprize ! Ce que les gens veulent, ce sont des matchs plaisant à regarder.

Par bien des aspects, ces Rift Rivals asiatiques peuvent être considérés comme une réussite. Car le but ne consistait pas ici à définir quelle région était la meilleure, mais à simplement profiter d’un tournoi décalé où les joueurs pouvaient relâcher la pression, mais pas leur niveau de jeu. Très bonne surprise que cette compétition dont le format sera, on l’espère, importé chez nous dès la prochaine édition.

 

Poster un commentaire

Vous devez être connecté pour pouvoir poster un commentaire.