Numéro spécial Spec Ops : The line : Icare Mag sur la ligne de feu !
« Le sujet de ce numéro est une surprise. Il est vrai que Spec Ops : The Line est généralement perçu comme un jeu mineur, vaguement original. Dans ce cas, pourquoi l'avoir mis au cœur de cette parution ? Tout d'abord, parce qu'il représente une singularité et que le magazine s'inscrit dans cette démarche. Ensuite, parce qu'il agit comme un révélateur, qu'il s'agisse du développement d'un jeu, du rôle de la critique ou de sa réception par le public. Étudier Spec Ops permet donc de dépasser le seul jeu pour s'intéresser à une industrie, une pratique, une vision. »
Ces quelques lignes, amie lectrice, ami lecteur, sont celles qui ouvrent la lecture du dernier numéro d'Icare Mag. Et, comme pour tout ce que tu trouveras tout au long des 187 pages qui suivent, elles sont l’œuvre d'un seul et même fou furieux, le sieur Aurélien, que beaucoup d'esprits dits pragmatiques pourraient qualifier d'insane !
En effet, il faut en vouloir aujourd'hui pour décider d'éditer une revue en format papier, à l'heure où tant d'illustres maisons ont dû fermer leurs portes et où une bonne partie de celles qui tiennent encore sont dans une incertitude permanente quant à leur avenir.
De plus, après deux numéros majoritairement consacrés à deux softs « mainstream » (God of War et Deus Ex : Human Revolution), il prend le risque de s'attaquer (et s'attacher) à un jeu maudit, le bluffant et mind boggling Spec Ops : The Line, ce qui constitue une prise de risque incroyable de par le fait que personne ne s'intéresse plus à ce titre qui, dès sa sortie, fut à ranger dans la catégorie « pertes et profits » de l'éditeur 2K qui, si l'on ne peut que le saluer pour avoir soutenu le studio Yager du début à la fin du projet, merda rien moins que dans les grandes largeurs au moment de le soutenir et le vendre. Du coup Spec Ops a été expédié, sacrifié – notamment par de nombreux confrères – puis oublié en moins de temps qu'il n'en faut pour dire « Kurtz » (je l'ai même offert à un pote qui, du coup, n'a pas su aller au-delà des apparences et n'y a jamais plus retouché après une heure de jeu ; maintenant il dort avec les poissons, dans de confortables chaussons en béton).
Donc, que le dernier numéro d'Icare Mag peine à trouver preneur en dehors d'une poignée de fans du jeu (et du mag) qui n'en pouvaient plus de le voir arriver, ce n'est finalement pas tellement étonnant. Certes, ça sue du dèrche, mais c'était prévisible, aussi il est de notre devoir, à nous autres journalistes mainstream, de ne pas abandonner le soldat Icare et de porter haut et fiers ses couleurs. Ça, c'est le vrai call of duty !
Car on ne peut que reconnaître, et je citerai pour l'occasion l'excellent Marcus, « qu'à ce stade-là on ne parle plus de magazine, mais de livre », et je rajouterai personnellement qu'il y a même largement de quoi soutenir une thèse et... Hey, ne partez pas, c'est pas parce que j'ai dit ça qu'il faut tout de suite en déduire que c'est chiant !
Loin du pensum pompeux, le décryptage du jeu se révèle fascinant tant les angles d'approche sont nombreux et la finesse d'analyse d'Aurélien en permanence percutante, et tellement il n'omet aucune facette de ce titre hors-norme. Tout y passe : sa dimension ludique, philosophique, religieuse, géographique, historique, politique, et j'en oublie encore...
Un tel travail de titan force le respect et l'admiration (je rappelle ici qu'il est quasi tout seul à réaliser chaque numéro), d'autant plus que, humble et dédié, Aurélien donne dès le début la parole (ou plutôt la plume) à celui sans qui tout cela ne serait jamais arrivé : l'excellentissime François Coulon (l'homme derrière la création du premier Splinter Cell, pour info), chef-d'orchestre de Spec Ops : The Line, et ses propos sont rien moins que passionnants, surtout si l'on s'intéresse un tant soit peu aux entrailles de l'industrie.
Mais il n'est pas question que de Spec Ops : The Line dans ce nouveau numéro d'Icare, même si le jeu occupe les deux tiers du magazine. On y trouve également un passionnant entretien avec Alessandro Taini, immense directeur artistique du studio Ninja Theory (Heavenly Sword, Enslaved : Journey to the West, DmC : Devil May Cry), qui en plus a eu le très beau geste d'illustrer la première de couverture. On y trouve aussi une très pertinente réflexion sur l'américanisation du jeu vidéo, et il est également question de Journey, The Binding of Isaac, les DLCs, la vision de la guerre dans les jeux rattachés au genre, Dante's Inferno et même – pour totalement finir de citer le site d'Icare – El Shaddai (un jeu que je vénère également, au passage, et qui vaut bien une étude approfondie, lui aussi) !
Je vais être franc, amie lectrice, ami lecteur, j'ai vraiment dû m'y reprendre à pas mal de fois pour rédiger ce papier, car mon but est avant tout de convaincre celles et ceux qui ne connaissent pas Icare qu'elles ou ils ne vont pas se retrouver devant un certes bel objet mais qui soit pénible à lire, et lui rendre justice s'est révélé beaucoup plus ardu que prévu... et franchement, je ne suis toujours pas convaincu de m'y être bien pris.
Alors, comme finalement le mieux est toujours de choisir la simplicité, je ne dirai qu'une chose : Icare Mag (et pas seulement ce numéro) n'est pas juste impressionnant et passionnant, il est avant tout miraculeux. Et, de même que j'ai commencé ce papier en donnant la parole à cet homme étonnant qu'est Aurélien, je lui laisse maintenant le mot de la fin.
« Par sa critique des canons, son rejet des habitudes et sa dénonciation du conformisme, Spec Ops relève sans nul doute d'une forme de contre-culture vidéoludique. Il prouve notamment que l'insurrection peut être menée depuis les cimes du AAA, qu'elle n'est pas l'apanage de la seule marginalité.
Let's rock ! »
PS : et jouez à Spec Ops : The Line, nondidjou !
PS2 : si jamais vous cherchez les points de vente du dernier Icare Mag, checkez ce lien, ou - encore une fois - rendez-vous sur icaremag.fr !
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