MSI : Invincibles SKT
Après une phase de poules délicate, la dynastie coréenne remporte un nouveau titre international. Retour sur la phase finale du Mid Season Invitational.
Peut-on vraiment les arrêter ?
C'est la question qu'on se pose depuis un moment déjà. Mais en glanant le dernier titre qui manquait à son armoire à trophées, SK Telecom a une fois de plus imposé sa formidable domination au reste du monde. Poussifs en première semaine ? Ce n'est pas la première fois. En LCK, les deux derniers Spring Split des triple tenants du titre n'avaient pas été de tout repos. Mais l'exploit réalisé par les Edward Gaming lors de la dernière édition du MSI, victorieux 3-2 face aux protégés de Kkoma, reste la seule défaite des titans coréens en Bo5 depuis la fin de la saison 4 et de l'ère Samsung.
Depuis EDG, personne n'a réussi à faire tomber SKT en Bo5
Si les Royal Never Give Up ont donné une bien meilleure impression qu'à leur sortie ratée des IEM Worlds, l'équipe n'avait pas la maturité suffisante pour gêner véritablement Faker et les siens. Une première game largement dominée, mais très difficilement conclue ; puis, le rouleau compresseur SKT s'est activé, et RNG n'a jamais réussi à se relancer. Le remplacement de Wuxx par Uzi pourrait toutefois leur permettre de rêver plus grand pour l'automne – en supposant que Mata réussisse à canaliser le vorace appétit du célèbre carry AD chinois envers toutes les ressources disponibles, quitte à en priver ses partenaires.
CLG pour l'histoire
Pour l'Occident, le fil rouge de cette compétition était de savoir jusqu'où irait CLG. En tout cas, ce ne sont pas les Flash Wolves qui les auront empêchés de parvenir en finale, la première pour une équipe américaine depuis la S1. Si les Taïwanais ont été décevants, les Aphromoo's Boys ont conservé le style qui leur avait si bien réussi la première semaine : rotations, scaling late game et des conditions de victoire assez simples. La seule nouveauté de ce match fut la Sona des games 3 et 4, visant à supprimer rapidement une ou deux personnes grâce à un flash-ult ; une possibilité d'engage choisie pour contrer les capacités de disengage offertes par la Karma de SwordArt.
Même si certains se prenaient à rêver d'un titre, affronter SKT en finale est une toute autre paire de manches. D'une part, parce que la draft des champions coréens est toujours très bien préparée, et pour contrer « l'agaçante » Soraka de Aphromoo, Kkoma et Wolf avaient préparé une petite surprise, Nami. Ce pick a forcé un lane swap quasiment systématique, permettant à Bang d'évoluer tranquillement et profitant du manque d'impact d'une Soraka sur d'éventuels roamings.
Aphromoo et Stixxay, symboles de la renaissance américaine
Le symbole de cette finale, c'est aussi la confiance des nord-américains. En reprenant la même composition qu'à la première game, les CLG savaient que le souci venait de quelques erreurs et mauvaises prises de fight, et pas de leur draft. Malgré un 3-0 serein en faveur des coréens, les CLG n'ont pas été humiliés ; leurs rotations étaient bonnes, leur gestion des objectifs intéressante. Mais l'expérience et la maîtrise irritante des SKT de ce genre de phases de jeu leur ont permis, au final, d'évoluer plus tranquillement que face aux Fnatic hyper agressifs de l'an passé.
L'avenir de l'Ouest
En observant des joueurs hors-normes, capables de renverser une situation 1v5, on a tendance à oublier à quel point le jeu a évolué depuis la saison 3. À l'époque, les SKT avaient certes démontré des compétences stratégiques supérieures aux autres équipes ; mais leur outrageuse domination trouvait aussi et surtout sa source dans l'écart de niveau entre les joueurs coréens et leurs adversaires. Faker, Piglet, Impact et Bengi pouvaient écraser leurs opposants directs, souvent tous en même temps. De la même manière, durant la saison 2, les M5 avaient martyrisé presque tous leurs adversaires à grand coups de domination individuelle, l'infernal Diamond au premier rang, ne laissant que des miettes au jungler adverse.
Une autre époque, celle des stomps et de l'insouciance...
Durant ce MSI, CLG a définitivement prouvé que le teamplay valait beaucoup plus que des individualités hors-normes. Bien sûr, avoir Faker à la place de Huhi faciliterait grandement les choses. Mais dans cette équipe, seul Aphromoo pourrait prétendre à une place dans le top 5~7 mondial à son poste. Pourtant, avec des drafts intelligentes, des plans de jeu ne se reposant pas sur l'outplay de l'adversaire mais sur des rotations et une stratégie d'équipe, les représentants d'une région si souvent moquée ont posé des problèmes à toutes les équipes engagées dans ce tournoi de mi-saison.
Une gestion d'équipe intelligente vaut mieux que d'incessants remplacements. La stabilité d'une structure est au moins un gage de progression, et si le style de jeu de Stixxay semble bien mieux convenir aux champions NA que celui de Doublelift, les CLG ont enfin franchi un palier. SKT a joui de la même stabilité depuis bientôt quatre ans. Le reste de l'Occident ferait bien de s'en inspirer.
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