Misfits : pari réussi ?
Alors que se profile la fin de ce Summer Split, il est temps pour certaines équipes de faire le point. Jouer la qualification des Worlds ou le maintien devient l’objectif ultime de chacun. Arrivée en début de saison avec une ambition de pérennité en Europe, Misfits a voulu y apporter sa patte et son style de jeu, mais devra cependant se battre pour espérer voir plus haut. Alors finalement, le pari est-il réussi pour la jeune formation ?
L’aventure du groupe A
Petit flashback en début de saison où, dès l’annonce de la répartition des groupes, il semblait clair que le groupe A allait être une épreuve. Et c’est avec le sentiment de n’avoir pas grand-chose à perdre, que les petits nouveaux de Misfits se frottent – avec brio – aux joueurs G2 et Fnatic. La formation de l'ADC français Hanssama termine à une très belle deuxième place, puis bat Splyce en Playoffs pour aller défier les Licornes en demies. Tombée sur plus forte qu’elle, Misfits terminera son excellent premier split en LCS sur une quatrième place. De nombreux observateurs saluent alors la synergie de cette jeune équipe qui joue déjà « comme une grande ».
Après un faux départ en Summer Split et le remplacement de Kakao par Maxlore, l'équipe a trouvé ses marques dans les studios de Berlin. Crédits : Riot Games.
Les joueurs se fondent rapidement dans le moule des LCS et Misfits semble prendre sa vitesse de croisière au début de l’été – notamment via une importante victoire 2-1 contre Gamers2. Cela étant dit, le retour en force de Fnatic relègue la formation à la 3e place. Dans un groupe où une Roccatada sauvage peut arriver à tout moment, Misifts doit tenir la cadence jusqu’au bout afin d'accrocher les Playoffs.
Un printemps réussi pour l’équipe qui trouve rapidement ses deux locomotives en deux joueurs, dont on avait émis certains doutes dès janvier. Aujourd’hui, et face aux incontestables performances de la formation dans le plus relevé des deux groupes, il faut bien se rendre à l’évidence : Misfits est LA révélation de cette saison en Europe.
IgNar, mon beau IgNar
Comme dans toute révélation, quelques événements qui tiennent parfois du miracle se produisent. Par exemple, ô miracle, nous avons un shotcaller coréen performant au poste de support en Europe ! Après les échecs de Hachani chez Vitality et Kakao avec... Misfits, cela tenait presque du mythe. En compagnie de Hanssama en botlane, IgNar multiplie les coups d’éclat et négocie parfaitement le virage de la méta vers des supports à engage. C’est d’ailleurs sur Blitzcrank, Alistar ou Rakan qu’il excelle le plus, comme on a largement pu le voir ces dernières semaines.
Dans un moment de grâce madlifesque, IgNar voit l'avenir et aligne son hook avec Nukeduck.
IgNar se positionne largement dans le quatuor de tête des supports (avec Jesiz, Hylissang et Mithy), avec des statistiques pour le moins impressionnantes : 238 assistances sur 23 parties jouées, avant le BO contre Fnatic.
Autre événement qui tient du miracle : le retour en grâce de PowerOfEvil. Premier roi de la midlane chez les Unicorns il y a deux ans, avant une traversée du désert où celui que l’on a appelé le « nouveau Bjergsen » est allé de déception en déception avec Origen. C’est avec soulagement que l’on retrouve donc le joueur allemand en forme sur des picks de confort comme Syndra, Cassiopeia ou cette bonne vieille Orianna (mais sans Dent de Nashor).
PowerOfEvil remonte dans la hiérarchie des midlaners et reste largement en tête du nombre de kills avec 137 victimes à son actif (20 de plus de Caps, deuxième). Crédits : Riot Games.
Portée par ses deux locomotives, Misfits développe un jeu solide lui permettant de se débarrasser facilement des petites équipes, en s’appuyant sur les engagements d’IgNar et sur un Hanssama toujours très bon. Cependant, les plus grosses cylindrées européennes posent encore quelques problèmes et c’est là que des joueurs comme Maxlore ou Alphari doivent encore trouver leur match référence.
Les clés de la réussite
Alors oui, le suspense n’aura pas duré quant à la réussite ou non du projet Misfits. L’équipe continue ainsi la tradition régionale des petits nouveaux qui cartonnent dès leur entrée au plus haut niveau continental.
Les souvenirs de la comète Lemondogs (Zorozero, Nukeduck, etc.) nous ramènent en 2013, ça ne nous rajeunit pas... Crédits : Gamesoflegends.
De toutes ces équipes ayant au moins accroché une 3e place lors de leur premier split en LCS, seule UOL peut encore se targuer de ne pas avoir été éphémère – Roccat s’étant déjà sauvée à plusieurs reprises dans les « Up & Down » et ne jouant plus les premières places, on considérera sans mal qu’ils ne sont plus au niveau de leur podium au Spring Split 2015.
La réussite, indéniable pour Misfits actuellement, se calculerait donc sur un plus long terme. Mais ce qui est certain, c’est que la première étape du projet Misfits en Europe est passée. L’équipe a trouvé sa place dans le ventre mou du classement et peut assurer son avenir sans mal. Car c’est bien d’avenir dont il est question ici. Dans une ligue que Riot cherche à métamorphoser afin de créer des LCS sans système de relégation (ce qui sera chose faite l’année prochaine en Amérique du Nord), il est donc primordial de construire non seulement une équipe solide, mais également de se projeter dans un avenir à moyen terme où un verrouillage dans l’élite européenne vaudrait tout l’or d’une saison.
Misfits, avec un support unique et des jeunes joueurs prometteurs, a donc toutes les clés en main pour se démarquer des autres et créer un style qui perdurera.
Annoncé comme un prodige en Challenger Series, Hanssama n'a pas à rougir de ses performances face à des Rekkles, Zven et autres. Crédits : Riot Games.
Trop court pour les Worlds ?
Réussir sa première saison de LCS c’est bien. Mais parachever cette dernière avec une participation aux Worlds, ce serait l’exploit. Pour ne serait-ce qu’effleurer ce doux rêve, il faut pouvoir se transcender, augmenter son niveau de jeu face aux meilleurs. La baisse de vitesse de G2 et UOL peut être la brèche dans laquelle s’engouffrer. Il s’agirait d’une énorme performance pour le jeune ADC français Hanssama. Cela dit, des adversaires comme Splyce posent encore des soucis à IgNar et ses coéquipiers.
Une défaite de justesse et une défaite par KO, semaine difficile pour l'équipe qui n'a pas encore sécurisé ses Playoffs et jouera un match décisif contre Roccat en dernière semaine.
À deux semaines de la fin de la saison régulière, Misfits garde son destin en main et tentera de terminer une saison déjà accomplie par un sprint final en Playoffs. Nul doute aujourd’hui que cette sérieuse et travailleuse équipe fait partie des grosses cylindrées européennes.
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