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16 juil. 2018 - Bobinou League of Legends

Les games de légende : SKT T1 - OMG, 2013

Vous voulez découvrir des games mythiques ? Vous replonger dans vos vieux souvenirs ? Ou bien vous pensez simplement que LoL c'était mieux avant ? Dans tous les cas, cette chronique est faite pour vous. Au programme de ce dixième épisode : des prodiges coréens, un rouleau compresseur et tout simplement Faker. Voici SK Telecom T1 – OMG, phase de groupes des Worlds 2013 !

Ici naissent les légendes

En Corée, les années se suivent et ne se ressemblent pas. Si l’on regarde le classement de la LCK, SK Telecom T1 est solidement ancrée dans le ventre mou du classement. En levant les yeux, elle peut apercevoir une équipe de jeunes loups, bien installée à la première place : Griffin. Cinq inconnus, un vent d’air frais dans la compétition : de quoi rappeler des souvenirs à Faker et sa bande. Il y a cinq ans, ce sont eux qui déboulaient sur la scène pour se hisser rapidement au sommet de la hiérarchie mondiale. Retour sur cette ascension avec en point d’orgue la game où leur supériorité a éclaboussé nos yeux d’occidentaux : SKT – OMG, aux Worlds 2013 !

La menace vient de l’Est

Commençons notre voyage en 2012. La scène internationale est en plein développement : Riot vient tout juste d’instaurer le système de saison régulière par région, ce qui tire toutes les équipes vers le haut. En particulier, aidée par les structures spécifiques déjà mises en place dans le pays pour l’e-sport, la Corée progresse à pas de géants. Les audiences de l’OGN en Occident et en France sont toutefois incomparables avec celles des LCS, malgré l’émergence du cast de Montecristo et DoA. Du Pays du Matin calme, les gens voient des bribes et entendent surtout des rumeurs.



Le duo Montecristo et Doa commente désormais l'Overwatch League.
Crédits : OGN

 

Et celles-ci sont plutôt édifiantes. Selon certains bruits, la région serait même la meilleure du monde et devrait gagner les prochains Worlds haut la main. Les journalistes placent même son porte-étendard, SKT T1, en tête des power rankings. Il faut dire que SKT part sur de bonnes bases : la structure est l’une des plus titrées de l’histoire de Starcraft. Formée en février 2013 sous l’égide de leur coach Kkoma, son équipe League of Legends est un bon mix entre expérience et talent, avec des rookies prometteurs. Dès l’été 2013, l’équipe remporte son premier tournoi, le Champions Summer. Cette victoire lui permet de concourir lors des Season 3 Regional Finals, qu’elle remporte également, s’offrant un ticket en première classe pour les championnats du monde à Los Angeles.



Impact, Bengi, Faker, Piglet et Poohmandu débarquent à Los Angeles en visant le titre.
Crédits : Riot Games

 

La trajectoire de SKT T1 jusqu’au sommet est aussi fulgurante que spectaculaire. Tous les joueurs représentent à ce moment-là une menace au niveau individuel et l’équipe est extrêmement versatile en termes de stratégie. Mais une star se détache de cet effectif très homogène : le midlaner Faker, qui a fait étal tout au long de l’année de ses mécaniques impressionnantes et jouit d’une certaine réputation depuis son légendaire 1v1 contre Ryu.

 


Le légendaire duel de Zed contre Ryu a aidé à bâtir la légende de Faker. 

 

Au révélateur des Worlds

Mais toutes ces attentes doivent être confirmées au niveau international, les championnats du monde faisant office de juge de paix. Dès la phase de poules, SKT se retrouve placée avec la meilleure écurie chinoise, OMG. Portée par Cool au mid, la représentante de l’Empire du Milieu est probablement l’équipe la plus agressive du tournoi et entre dans ces Worlds avec beaucoup d’espoir.



Gogoing, Lovelin, Cool, San et Bigpomelo affichent la même ambition.
Crédits : Riot Games

 

Dès le début des groupes, les deux formations se font remarquer, en remportant des victoires expéditives contre TSM, GG.eu ou Lemondogs. Le format de ces Worlds ne faisant pas de distinction entre la première et la deuxième place du groupe, les affrontements entre les deux équipes sont a priori sans importance. Mais toutes deux veulent absolument marquer leur territoire et les esprits. Dès le premier jour de compétition, les Chinois infligent aux Coréens leur premier revers du championnat. Il n’en faut pas plus pour piquer leur orgueil. Le 22 septembre 2013, SKT et OMG s’affrontent à nouveau. Avant cette game, Faker et ses comparses étaient simples prétendants au titre mondial ; après celle-ci, de « grandissimes » favoris.



Un affrontement de haut niveau, avec un affrontement explosif en vue au mid.
Crédits : Riot Games

 

Trois raisons pour lesquelles cette game doit impérativement être vue

1. Parce que cette partie est le témoignage parfait que la version « saison 3 » de SKT était en avance sur son temps. Des rotations aux petits oignons, alors que le jeu de l’époque était encore plutôt brouillon.

2. Parce que c’est une démonstration de force brute comme on en voit peu. Un inhibiteur à la douzième minute, c’est quasiment du jamais vu à ce niveau de compétition.

3. Parce que les Worlds de la saison 3 sont un régal à regarder : une meta assassin hyper agressive, beaucoup de kills, du spectacle… et cette game ne fait pas exception.

La draft et le déroulement de la game

Le but de cette chronique est de redécouvrir quelques-unes des meilleures parties de LoL de l’histoire. Nous vous conseillons donc vivement de regarder celle-ci (qui commence réellement à 6:44). Vraiment, c’est une immanquable pour comprendre le mythe SKT T1.

 


 

Si vous manquez de temps, vous pouvez regarder seulement les meilleurs moments de la partie, ci-dessous. Dans tous les cas, la suite de l'article décrit les événements de la partie et ses rebondissements et soyez-en certains, il y en a beaucoup.
 


 

La draft

C’est une habitude lors des affrontements Chine-Corée et c’était déjà le cas en saison 3 : dès la draft, une opposition de styles se dessine. Côté OMG, c’est un choix très agressif qui est opéré. Avec Zac et Aatrox, elle sélectionne une grosse front-line pour offrir de l’espace à la Vayne de San, qui est protégée par Syndra et Zyra. Une spéciale de la LPL en somme, puisque les Chinois sont particulièrement friands des compositions centrées sur leur AD carry.



Avec Vayne entre ses mains, Guo « San » Jun-Liang a les armes pour briller.
Crédits : Riot Games

 

La réponse de SKT est plus versatile, mais prouve son intelligence de jeu. Pour éviter de subir les initiations de combat adverses, elle s’oriente sur des champions mobiles, capables de s’échapper des agressions, notamment Ahri et Ezreal. Les Coréens choisissent par ailleurs certains héros en mesure d’attraper des adversaires isolés, comme Elise avec son Cocon ou Sona avec son Crescendo.



Opposition de styles dès la sélection des champions.
Crédits : Riot Games

 

La game

Le principe d’une révélation, c’est qu’on ne s’y attend pas. Et l'explosion de SKT dans cette game, personne ne s’y attend non plus. Dès le départ, OMG est bien en place et effectue un laneswap pour permettre à Vayne d’être tranquille en début de partie. Les Chinois animent les premières minutes, lancent des actions partout sur la carte et récupèrent le premier sang grâce à Cool. La star de la LPL remet même cela, en tuant Faker après une escarmouche extrêmement serrée, mais se fait faucher par un Barrage térébrant de Piglet, permettant à SKT de récupérer le momentum.

90 secondes de folie

Forte de cette petite avance, SKT choisit de se regrouper afin d’accélérer les choses. Poohmandu parvient à trouver un bon Crescendo sur un Cool sans défense et bénéficie de la bonne réaction de Faker et Piglet, qui récupèrent le kill. Si cette mort peut paraître anecdotique, elle est le premier jalon d’une séquence inoubliable qui a marqué l’histoire de SKT et celle du jeu. Et pour décrire cette action, rien de mieux que de la détailler seconde par seconde.

 


Un kill anecdotique ? Non, le flocon qui démarre la boule de neige.
Crédits : Riot Games

 

11:16 : Piglet récupère le kill sur Cool et SKT s’oriente vers une percée sur la T1 mid.

11:35 : de peur de perdre la tour, Lovelin arrive pour la défendre, mais est intercepté par un charme de Faker, ce qui lui fait perdre son passif : la tour tombe dans la foulée.

11:45 : dans une tentative désespérée de défendre leur tourelle, San et Bigpomelo s’exposent un peu trop. Zyra est immédiatement sanctionnée par le Jarvan d’Impact, qui la coince dans son cataclysme avant de la tuer.

12:09 : forts d’un avantage numérique et désormais groupés à cinq, les SKT s’avancent confiants et entament la T2. Syndra, qui vient de revenir de la base, se fait immédiatement toucher par un charme de Faker et gagne un aller simple vers le cimetière.

12:16 : la deuxième tourelle est récupérée, mais les escarmouches précédentes ont tout de même un peu entamé la vie de Bengi. San tente le tout pour le tout et essaye de le tuer, mais subit une Fatigue avant de se faire tuer à son tour.

12:21 : venu constater les dégâts, Aatrox se prend un nouveau charme de Faker et meurt avant d’avoir pu réagir.

12:27 : malgré des barres de points de vie sérieusement entamées, SKT poursuit son avancée se s'en prend à la T3 en cinq contre un. Cette fois-ci, c’est un superbe Cocon de Bengi qui trouve sa cible et offre le scalp de Zyra à son équipe.

12:43 : sans aucun opposant désormais, les Coréens s’emparent d’un inhibiteur.



Et hop, un inhibiteur à 12 minutes sans aucune mort.
Crédits : Riot Games

 

Une fin inéluctable

En 90 secondes à peine, les Coréens ont minutieusement appliqué contrôle après contrôle et fait preuve de parfaites mécaniques. Trois tours, un inhibiteur, six éliminations : c’est un véritable rouleau compresseur qui s’est abattu sur OMG, laissant bouche bée tous les spectateurs.

Évidemment, après une telle séquence de jeu, la suite de la partie est à sens unique. Les hommes de Kkoma ne perdent pas de temps, se regroupent, prennent tourelle après tourelle, inhibiteur puis Nashor. Les SKT sont inarrêtables : après un dernier fight remporté aisément, ils détruisent le Nexus, envoient un signal à tous leurs adversaires et achèvent leur cinglante démonstration de force en vingt-trois petites minutes. C’est le début d’une dynastie.




Faker peut sourire après cette démonstration de force brute.
Crédits : Riot Games

 

L’après game

La suite est connue : OMG ne se remet pas de cette défaite et s’incline 2-0 contre Royal en quarts de finale. Quant à SKT, cette victoire signe le début de sa marche triomphante vers son premier titre de champion du monde, remporté 3-0 contre ces mêmes Royal. Dans la foulée, SKT réussit une saison parfaite aux Champions Winter 2013-2014, en gagnant le tournoi sans la moindre défaite. À ce jour, cette version de l’équipe est toujours en lice pour le titre officieux de meilleure équipe de tous les temps et ce SKT – OMG, entre autres, y est certainement pour quelque chose.



Pendant six mois, le train SKT va tout écraser sur son passage.
Crédits : Riot Games

 

Le MVP de la partie

Piglet – 5/0/7 – Ezreal
 


Avant de s'échouer dans les divisions inférieures américaines, Piglet a été le meilleur joueur des Worlds S3.
Crédits : OGN

 

Présent sur douze des treize kills de son équipe, Chae Gwang-jin est probablement le meilleur joueur du tournoi et de cette game. Dans une forme incroyable, il ne rate presque aucun sort de toute la partie, notamment au cours de la séquence incroyable sur la midlane, menant son équipe à la victoire.

Le move de la partie

11:16 : peut-on parler de move lorsque celui-ci dure une minute trente ? Difficile pourtant de passer à côté. Crescendo, Charme, Cocon : tout réussit à SKT durant cette séquence, qui s’achève par la prise de l’Inhibiteur après douze petites minutes de jeu seulement.
 


C'est fini pour cette game de légende ! On se retrouve dans deux semaines pour se plonger à nouveau ensemble dans l'histoire de LoL !

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