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21 sept. 2018 - Bobinou League of Legends

Les games de légende : Evil Geniuses - Gambit Gaming, 2013

Vous voulez découvrir des games mythiques ? Vous replonger dans vos vieux souvenirs ? Ou bien vous pensez simplement que LoL c'était mieux avant ? Dans tous les cas, cette chronique est faite pour vous. Au programme de ce treizième épisode : de vieilles gloires et de beaux restes. Voici Evil Geniuses – Gambit Gaming, pour la 3e place du Summer 2013 !

Un tragique dernier acte

C’est l’heure de vérité pour la fête la plus attendue du petit monde compétitif de Lol. Depuis quelques semaines, les équipes du monde entier luttent pour obtenir leur précieux petit carton d’invitation pour les Worlds. Un sésame extrêmement difficile à obtenir maintenant, mais peut-être encore plus avant. En 2013 en Europe, la qualification se joue sur un seul tournoi : les Playoffs du Summer Split. Finir dans les trois premiers, c’est s’offrir un ticket d’avion pour Los Angeles. Échouer en quatrième place, c’est voir tout le travail d’une saison anéanti. Et c’est tout l’enjeu d’Evil Geniuses - Gambit Gaming.



Avant de toucher la Summoner's Cup, il faut déjà aller aux Worlds.
Crédits : Riot Games 

 

Une rivalité qui dure

Retour en saison 2. Deux structures avancent en figures de proue du continent européen : Moscow 5 et CLG.eu. Les deux ont une trajectoire similaire : elles surgissent de nulle part au même moment, début 2012, en remportant coup sur coup les IEM Kiev et les IEM World pour M5 et en atteignant la finale des OGN en Corée pour CLG.  La légende de ces deux équipes se bâtit en même temps que naît une rivalité entre elles. Leur antagonisme connaît un pic au cours de l'épique finale de la Dreamhack 2012, durant laquelle CLG réussit à combler un retard de plus de 30k golds pour remporter le tournoi.

 


L'incroyable comeback de CLG.eu conté par theScore esports.

 

Cette opposition se ressent aussi dans le style des deux formations. D’un côté, les Moscovites jouent hyper agressivement, envahissant en permanence la jungle adverse dans le sillage de Diamondprox et AlexIch. Une seule équipe peut se vanter d’avoir autant de supporters que cette équipe appréciée de tous : CLG.eu, bien sûr, avec un style pourtant diamétralement opposé. La bande à Froggen a l’habitude de temporiser la partie le plus possible, jusqu’à ce que leurs compositions portent leurs fruits en fin de game.

Des retrouvailles au pire moment

Seulement voilà, la réputation glorieuse de ces deux équipes s'écorne encore une fois en même temps, au fil de la saison 3, alors même qu'elles changent de nom, les M5 devenant Gambit Gaming et CLG.eu, Evil Geniuses. La professionnalisation de la scène, résultante de la création des LCS, permet rapidement à la concurrence de rattraper son retard. Gambit souffre de problèmes de visa, et peine à remplacer Edward, parti pour les États-Unis. Pour EG, la baisse de niveau est similaire, ce qui la pousse à essayer des remplaçants au lieu de Snoopeh et Krepo, sans grand succès.



Deux nettes défaites en demi-finales pour nos protagonistes.
Crédits : Leaguepedia

 

Aux Playoffs du Summer Split, personne ne s’étonne donc que les deux équipes s’inclinent en demi-finales, EG contre Fnatic et Gambit contre Lemondogs. Comme ils ne se lâchent jamais, les ennemis de toujours se retrouvent donc pour un Bo3 pour la 3e place, le 24 août 2013, qualificatif pour les Worlds. Les deux premières games se concluant par une victoire à sens unique pour chaque camp, le destin des deux équipes se joue dans un dernier match décisif, avec le travail de toute une année à perdre pour le vaincu. Le dernier acte tragique d’une rivalité à nulle autre pareille.



Diamondprox et Froggen peuvent en rire maintenant, mais le 24 août 2013, l'ambiance est moins à la rigolade.
Crédits : Riot Games 

 

Trois raisons pour lesquelles cette partie doit impérativement être vue

1. Parce que le contexte de la game est irrespirable. Une victoire ici vaut son pesant d’or et on comprend le stress des protagonistes.

2. Parce qu'AlexIch prouve que son statut de légende du jeu est loin d’être usurpé. Et sa réaction d’après-game en est d’autant plus émouvante.


 

 

3. Parce que c'est le dernier affrontement tragique entre deux géants européens, dont la rivalité a marqué l’histoire de l’Occident.

La draft et le déroulement de la game

Le but de cette chronique est de redécouvrir quelques-unes des meilleures parties de LoL de l’histoire. Nous vous conseillons donc vivement de regarder celle-ci. Vraiment, les réactions à la fin en valent la peine.


 

 

Si vous manquez de temps, vous pouvez regarder seulement les meilleurs moments de la partie, ci-dessous. Dans tous les cas, la suite de l'article décrit les événements de la partie et ses rebondissements et soyez-en certains, il y en a beaucoup.


 

 

La draft

Cette draft n’est compréhensible qu’à l’aune des deux précédentes. Lors de la game 1 et 2, Gambit a sciemment banni Ahri, Fizz et Twisted Fate, pour embêter Froggen, le meilleur joueur adverse. Bizarrement, les Russes laissent Twisted Fate disponible pour cette 3e manche. Disposant du premier choix, EG mord à l’hameçon et le sélectionne. Pas de bol, Darien et AlexIch ont tout prévu : ils choisissent Shen et Karthus. Avec le Soutien Indéfectible et le Requiem, ils ont l’impact nécessaire pour contrer les déplacements globaux de Froggen avec sa Destinée, ce qui va être tout l’enjeu du début de partie.



EG est parti vers une composition à catch, avec Thresh, Kennen et Jarvan.
Crédits : Riot Games

 

La game

La partie démarre sur un faux rythme, chacun jouant prudemment jusqu’au niveau 6. La tension liée à l’enjeu se fait durement sentir. Les deux équipes ont en effet en travers de leurs gorges les Worlds de la Saison 2, où, arrivées avec un statut de favori pour la victoire finale, elles s’étaient toutes deux inclinées en demi-finales. Gagner ce match, c’est leur seule chance de pouvoir prendre leur revanche.



La tête d'AlexIch après sa défaite contre TPA aux Worlds S2. Ça fait mal.
rédits : Riot Games

 

Requiem pour des génies

EG est la première à prendre l’initiative, en tentant de tuer Darien, mais ce plan se fait contrecarrer par le Requiem d’AlexIch. Une escarmouche qui représente à elle seule le début de la partie : les coéquipiers de Froggen tentent d’être pro-actifs, mais la star russe, toujours présente comme à son habitude dans les gros matchs, a toujours son ultime pour se mettre dans leurs pattes. Peu à peu, il prend de l’avance et son Karthus, un de ses champions signatures, se développe et devient une menace constante.



L'escarmouche typique : le Requiem contre la Destinée.
Crédits : Riot Games

 

Malgré ce départ peu convaincant, EG montre qu’elle a du répondant, utilisant à bon escient le Thresh de Krepo et le Kennen de Wickd pour punir les égarements moscovites. Combat après combat, elle grignote son retard pour finalement mener aux kills, 7-6 à la demi-heure de jeu.

Capitaine, ô mon capitaine

C’est le moment que choisit AlexIch pour assumer pleinement son rôle de capitaine et prendre la game en main. À 32 minutes, les équipes tournent autour au dragon. Extrêmement agressif, AlexIch flash-in à travers le mur du dragon avec le Soutien indéfectible sur lui pour bloquer la retraite adverse. Ce qui aurait pu être une véritable opération suicide se transforme en fight décisive sur laquelle Gambit se construit une solide avance.



Un flash bien senti a suffi à faire basculer la game.
Crédits : Riot Games

 

Sans être une formalité, la suite est logique. Les Russes l’emportent au Nashor, puis prennent un inhibiteur. Les tentatives désespérées de Froggen n’y changent rien : Gambit s’avance pour une poussée finale au bot et réussit, après 45 minutes d’angoisse, à porter le coup final aux Nexus.



Dans ces temps difficiles pour Gambit, cette victoire signifie beaucoup pour son capitaine.
Crédits : Riot Games

 

La réaction des joueurs fait définitivement rentrer la game dans la légende. À l'explosion de joie et au soulagement de tous les joueurs de Gambit s'opposent les airs abasourdis des Evil Geniuses, le regard vide devant leur écran. L'image résumant le mieux la cruauté de ce match reste la vision d'AlexIch, en larmes et prostré sur le sol, se relevant finalement pour saluer ses rivaux et donner une accolade pleine de respect à Froggen, son rival de toujours. Une étreinte pleine d’émotion, qui scelle la fin d’une ère.



Etreinte symbolique entre deux des meilleurs joueurs du monde en 2012.
Crédits : Riot Games

 

L’après game

Evil Geniuses

Après la défaite, l’exil : EG choisit de tenter sa chance aux LCS NA. Elle n’emmène pas tous ses joueurs dans ses bagages : Froggen et Wickd rejoignent Alliance, avec laquelle ils deviennent champions d’Europe un an plus tard. Le futur d’EG est moins brillant, avec des résultats médiocres et aucune qualification pour les Playoffs à son actif.



L'année 2014 fut plus belle pour Froggen et Wickd, avec une qualification pour les Worlds cette fois-ci.
Crédits : Riot Games

 

Gambit Gaming

Après avoir autant souffert pour y aller, Gambit fait un parcours honorable aux Worlds, ne s’inclinant qu’en quarts, après avoir éliminé MVP Ozone. Au niveau régional en revanche, la dégringolade continue. Après une décevante 5e place au Spring Split 2014, AlexIch annonce son départ de l’équipe. Sans lui, la structure vivote puis retourne en LCL, où elle joue aujourd’hui les premiers rôles, toujours avec Diamondprox.



Victoire de Gambit contre les Coréens de Samsung Ozone, avec un Genja stratosphérique.
Crédits : Riot Games

 

Le MVP de la partie

AlexIch – 9/2/10 - Karthus

Pouvoir suivre les décalages de Froggen à distance grâce à son Requiem a permis au leader russe de se concentrer sur son farming (quasi parfait, comme toujours) et les objectifs. Fort de l'avance ainsi acquise, Aleksei Ichetovkin a su sortir l’action décisive quand il le fallait et, en patron, porter son équipe vers les sommets.



Comme toujours, le midlaner de Gambit a été l'homme des grands rendez-vous.
Crédits : Riot Games

 

C'est fini pour cette game de légende ! On se retrouve dans deux semaines pour se plonger à nouveau ensemble dans l'histoire de LoL !

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