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18 juin 2018 - Bobinou League of Legends

Les games de légende : Dignitas - Moscow 5

Vous voulez découvrir des games mythiques ? Vous replonger dans vos vieux souvenirs ? Ou bien vous pensez simplement que LoL c'était mieux avant ? Dans tous les cas, cette chronique est faite pour vous. Au programme de ce huitième épisode : de la vodka, du fromage et un parfum de révolution. Voici Moscow 5 - Dignitas, finale des IEM World 2012 !

La révolution à la russe

C’est l'un des plus gros reproches faits à League of Legends. L’immobilisme. Le manque de diversité. Les matchs qui se ressemblent tous comme deux gouttes d’eau. Certains y voient le signe d’une scène qui se professionnalise. D’autres celui de compétitions de plus en plus ennuyeuses. En tout cas, la tendance ne date pas d’hier. Dès la Saison 1, les rôles de chaque joueur se précisent et, aux premiers Worlds, la meta se fige et la moitié des champions n’apparaît pas du tournoi. Et quand le meilleur moyen de gagner devient de jouer la norme, ce sont les équipes qui la transgressent qui sont les plus excitantes. Rien n’exemplifie plus cela que Moscow 5 – Dignitas.

 


Avec Darien, GosuPepper, AlexIch, Genja et Diamondprox, Moscow 5 se hisse vite sur le toit de l'Europe.
Crédits : M5

 

Les nouveaux tsars d’Europe

Le porte-étendard de ces équipes révolutionnaires, c’est une mystérieuse équipe venue du froid : Moscow 5. Dès son tout premier tournoi, les IEM Kiev, la jeune équipe russe sortie des qualifications remporte son premier titre majeur, face à TSM. Dans la foulée, Alex Ich et ses coéquipiers enchaînent sur une deuxième place aux Kings of Europe. Surtout, M5 laisse une impression durable : celle d’une équipe qui bouscule les lignes établies et qui fait preuve d’une agressivité inégalée pour l’époque.

 


Danil « Diamondprox » Reshetnikov change à lui seul la manière de jouer jungler.
Crédits : Gambit Gaming

 

Diamondprox est particulièrement sous le feu des projecteurs. Sortant des champions peu joués, comme Udyr, Lee Sin ou Shyvana, le Russe révolutionne la manière de jouer dans la jungle, en osant aller contester les camps adverses. Dans une meta où les junglers sont très passifs et se contentent de jouer des tanks, sa nouvelle approche du jeu fait des ravages. Le reste de l’équipe suit cet état d’esprit ultra offensif et développe un style qui lui est vraiment propre.

Les IEM, le jardin de M5

Forcément M5 fait peur. Son succès à Kiev lui a ouvert les portes des IEM World Championship, à Hanovre. Le plateau est effrayant : toutes les meilleures équipes américaines et européennes ont répondu présent. Pas de quoi impressionner les Moscovites, qui gagnent leur ticket pour la finale sans perdre la moindre manche. Leur dernier adversaire, Dignitas, arrive aussi dans une forme étincelante. L’équipe américaine, portée par son duo Scarra-Voyboy, vient d’éliminer coup sur coup les deux derniers finalistes des Worlds : Fnatic et aAa. Même si elle ne part pas favorite, elle attaque donc le Bo3 final avec des certitudes et un léger espoir.

 


Une défaite seulement pour Dignitas avant la finale, contre zéro pour M5. Crédits : Leaguepedia

 

Et pourtant, ce 11 mars 2012, Dignitas devient spectatrice. Piétinant toutes les règles en vigueur sur League of Legends, les Russes emportent tout sur leur passage. Une véritable démonstration de ce qui fait la légende de M5, une équipe qui ne fait rien comme les autres. 

Trois raisons pour lesquelles cette game doit impérativement être vue

1. Parce que Moscow 5 est une des équipes ayant changé la façon dont le jeu est joué aujourd’hui. Le counter jungle, les décalages du support : autant de situations aujourd’hui standards, mais issues de la révolution russe.

2. Parce que la partie est une impressionnante démonstration de la force brute de M5, à son plus haut niveau dans ces IEM. Un rouleau compresseur, qui une fois lancé, pouvait rouler sur n’importe qui en 20 minutes.

3. Pour l’héritage de Diamondprox. Oppressant et incisif, le génie russe prenait ses adversaires à la gorge dans leur jungle. De quoi faire de lui le meilleur joueur du monde à son poste en Saison 2.

 


Petit florilège de ce qui fait la légende du jungler historique de M5 puis de Gambit.
 

 

La draft et le déroulement de la game

Le but de cette chronique est de redécouvrir quelques-unes des meilleures parties de LoL de l’histoire. Nous vous conseillons donc vivement de regarder celle-ci (qui commence réellement à 9:38). Vraiment, c’est une démonstration de force de M5 comme vous en verrez rarement d’autres.

 

 

La draft

La surprise est dans les sorts

Les deux équipes jouent sur leurs acquis, avec des champions qu’elles maîtrisent : Lee Sin et Alistar notamment côté Moscow 5 et Shyvana, Corki et Janna, pour Dignitas, qu’on a déjà vus en demi-finales. Les objectifs des deux équipes se dessinent dans le deuxième temps de la sélection. Dignitas choisit de mettre Voyboy sur Nautilus, champion peu commun à l’époque. Les Américains veulent jouer tranquillement le début de partie pour accélérer après 20 minutes, là où tous leurs personnages deviennent vraiment forts. Pour M5, avec Karthus et surtout Urgot, le plan est de tenir le plus longtemps possible pour laisser ses champions devenir monstrueux en late game.

 


Dignitas mise sur le Nautilus de Voyboy pour surprendre les Moscovites.
Crédits : Dignitas

 

Du moins, c’est ce que la composition choisie semble vouloir dire. Pourtant, les sorts d’invocateur des Russes semblent indiquer qu’ils préparent un mauvais coup. Genja a un Téleport et GosuPepper une Clairvoyance, deux sorts inhabituels pour leurs postes et très faibles en 2 contre 2. Et pour cause, tout est méticuleusement calculé. Il n’y aura jamais de phase de lane.

 


La draft finale, avant le swap, sur un client qui sent bon la Saison 2.
Crédits : IEM 

 

La game

« Cheese » : dans l’e-sport, une stratégie inhabituelle extrêmement risquée qui ne peut fonctionner que si l’ennemi est pris par surprise. Si la panoplie de M5 s’étend bien au-delà de ces « cheeses », ceux-ci contribuent grandement à la renommée des Russes. Et celui de ce début de partie contre Dignitas est probablement le plus célèbre d’entre eux. Alors que Diamondprox démarre sa route dans la jungle au red buff, Genja, sur son Urgot, sécurise les loups et le blue buff. Il retourne alors la base puis se téléporte sur la botlane, prêt à affronter ses opposants en un contre deux.

 


Pas de souci pour Genja : son blue buff lui assure un début de partie tranquille.
rédits : IEM

 

La vache folle

En effet, GosuPepper, le support M5, n’a pas sélectionné Alistar pour sa phase de lane, loin de là, mais bien pour sa capacité à pouvoir envahir la jungle ennemie et assister Lee Sin dans les premiers niveaux, avec ses contrôles et sa clairvoyance. Et dès la 3e minute, la composition M5 rentre en action : Lee Sin et Alistar pénètrent en territoire adverse, interceptent IWillDominate et récupèrent le premier sang. L’agressivité du duo russe ne s’arrête pas là. Prenant tous les camps adverses, ils se risquent à une embuscade incroyablement périlleuse au mid. Les mécaniques de GosuPepper parlent : grâce à un superbe coup de tête de sa part, AlexIch parvient à prendre la vie de Scarra.

 


En train de signer des autographes ici, GosuPepper figure parmi les meilleurs supports au monde.
Crédits : M5

 

On joue depuis quatre minutes et les Russes possèdent déjà 1 500 golds d’avance. En réalité, la situation est déjà hors de contrôle pour les Américains. Avec son blue buff, Urgot gère sans problème son infériorité numérique. Il dégage de l’espace pour GosuPepper qui continue à exercer de la pression sur toute la carte. À l’époque, Gosu est un de ces supports agressifs qui révolutionnent leur poste, à l’image de Madlife : il ne se limite pas à donner la vision, mais joue pour obtenir des kills. Dans son sillage et celui de Diamond, les Moscovites paraissent intouchables et récupèrent les tourelles et les dragons sans contestation.

Le triomphe moscovite

L’avance grandit doucement mais régulièrement : 5 000 golds à la 15e minute, 7 000 à la 20e…  Le tempo ralentit mais M5 force Dignitas à la confrontation au Nashor. Les Américains parviennent à subtiliser le Baron, mais subissent un ace dans la foulée. Il en résulte la prise de deux tours, et la confirmation de ce qui est un secret de Polichinelle depuis 20 minutes : les Russes sont trop au-dessus. Le travail de sape d’AlexIch et consorts continue : ils rasent toute la base, attendent le second Nashor et concluent tranquillement la partie, en 32 minutes. Le reste du Bo3 est une formalité. Impériaux, les Moscovites expédient la deuxième partie et remportent le tournoi. Leur niveau est alors inatteignable et leur style inoubliable : Moscow 5 vient d’écrire sa légende.

 


Impressionnante de maîtrise, Moscow 5 remporte l'IEM le plus prestigieux de l'année.
Crédits : IEM

 

L’après game

Dignitas

Pour Dignitas, ces IEM à Hanovre constituent un petit sommet. Derrière, la structure enchaîne les places d’honneur aux États-Unis, mais sans accrocher de titre vraiment majeur. Après des Worlds ratés, elle intègre les LCS NA, où elle reste jusqu’à l’arrivée des franchises. Des cinq joueurs de ce match, aucun ne joue encore en compétition mais la plupart restent des influenceurs majeurs de la scène américaine, à commencer par les incontournables Imaqtpie et Scarra.

 


Aujourd'hui retraités, Imaqtpie et Scarra animent ensemble le podcast « Beyond the Rift ». 

 

Moscow 5

Pour Moscow 5, la suite de l’histoire allie gloire et déceptions. Avec CLG.eu, les Russes règnent sans partage sur l’Europe et arrivent aux Worlds à Los Angeles dans la peau des favoris. Leur élimination en demi-finale par Taipei Assasins secoue la planète Lol. En Saison 3, M5 devient Gambit Gaming, intègre les LCS EU mais peine à retrouver son niveau d’antan, malgré quelques coups d’éclat à l’international. Qu’importe, M5 laisse derrière elle l’héritage d’une équipe légendaire, détentrice du record de victoires en IEM et capable de rivaliser avec les équipes coréennes dans ses bons jours. Aujourd’hui, Diamondprox et GosuPepper, devenu Edward, font toujours les beaux jours de Gambit, championne de LCL en titre.

 


Retrouvailles avec la scène internationale pour Diamondprox et Edward au dernier MSI.
Crédits : Riot Games

 

Le MVP de la partie

Genja – Urgot – 9/1/10

 


Genja a fait les beaux jours de M5 puis de Gambit avant d'arrêter la compétition fin 2015.
Crédits : Gambit Gaming

 

Pour permettre à GosuPepper de briller aux quatre coins de la carte, il fallait pour Evgeny Andryushin être impeccable et réussir à tenir Dignitas en infériorité numérique. L’AD Carry russe a fait bien mieux que ça : il a tué Locust en un contre deux, pris 15 sbires d’avance et a roulé sur les escarmouches. Irréprochable.

Le move de la partie

3:21 dans la partie : se positionnant dans le camp des fantômes, Alistar flash-in et envoie un coup de tête sur Mordekaiser, le ramenant vers AlexIch  Scarra ne peut rien faire et perd la vie au profit des Russes. Pour l’époque, c’est d’une agressivité rarement vue auparavant.

 

 

C'est fini pour cette game de légende ! On se retrouve dans deux semaines pour se plonger à nouveau ensemble dans l'histoire de LoL !

1 commentaire

Coolback
Coolback - 18/06/2018 22h53

Game de ouf !!

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