Les games de légende : Cloud 9 - TSM, 2017
Vous voulez découvrir des games mythiques ? Vous replonger dans vos vieux souvenirs ? Ou bien vous pensez simplement que LoL c'était mieux avant ? Dans tous les cas, cette chronique est faite pour vous. Au programme de ce treizième épisode : beaucoup de sueur et des tremblements. Voici Cloud 9 – TSM, finale du Spring Split 2017 !
Strass, stress et dynasties
Et si les LCS étaient scriptés ? En NA, on s’est souvent posé, ironiquement, la question. En cause : le grand triumvirat que compose Cloud 9, Counter Logic Gaming et Team Solo Mid, qui se débrouille, bon an mal an, à s’affronter pour tous les titres régionaux. C’est bien simple, entre l’été 2013 et l’été 2016, sur sept finales de LCS, cinq d’entre elles ont opposé C9 et TSM. Alors, lorsque ces deux structures se retrouvent pour un sixième round, au printemps 2017, c’est avec un paquet d’antécédents et des dynasties à établir.
La précédente finale C9-TSM, le 28 août 2016 à Toronto avait vu une victoire de ces derniers. Crédits : Riot Games
Un C9 new look
Six mois après une finale de Summer Split 2016 perdue contre TSM, C9 a vraiment soif de revanche. Elle se sépare de Meteos et recrute du sang neuf : le jeune loup Contractz, 17 ans, en jungler et le Coréen Ray, 18 ans, pour partager la toplane avec Impact. L’alchimie prend vite : C9 finit la saison régulière avec quatre petites défaites au compteur uniquement. Insuffisant néanmoins pour accrocher la première place, conservée par TSM. Rien n’enraye en effet la dynamique de la tenante du titre, qui atteint facilement une nouvelle finale, où elle retrouve son adversaire habituel.
Une balade pour les deux équipes afin de se retrouver en finale. Crédits : Leaguepedia
Ce sixième épisode, c’est les Rebelles contre-attaquent. Depuis que son roster emblématique Balls-Meteos-Hai-Sneaky-Lemonnation s’est séparé après deux ans d’une brillante vie commune, le C9 « new look » court après un nouveau titre et veut créer sa propre dynastie. TSM (en noir, tout sauf un hasard) a assis son empire et sa main mise sur l’Amérique, en battant ses adversaires du jour lors de leurs trois dernières finales communes.
Un Danois pour les gouverner tous
C9-TSM, c’est aussi l’assurance de voir le plus beau duel de la région : Jensen contre Bjergsen. Les deux Danois sont les figures de proue de leur équipe et les deux rois de la midlane aux États-Unis. Deux monarques au style de jeu similaire, mais aux parcours opposés. Là où Bjergsen est l’enfant prodige, avec une carrière lisse et un palmarès impressionnant, Jensen est le gamin turbulent, avec un passé de joueur toxique et une tendance à mal jouer lors des finales.
Jensen a le regard du mort de faim et de l'assoiffé de victoires. Crédits : Riot Games
Avec de telles bases, les spectateurs qui occupent les rangs du Pacific Coliseum de Vancouver, ce 23 avril 2017, s’attendent à voir Cloud 9 commencer le BO5 avec la rage au ventre. Perdu. C’est la peur qui occupe les intestins de Jensen et les siens en ce début de match. Passant à côté de leur début de rencontre, ils se retrouvent vite menés 2-0. Leur réveil est aussi soudain qu’impressionnant : portée par la foule, C9 recolle à 2-2. Voilà les deux équipes lancées à corps perdus dans une 5e game étouffante, qui marquera l’histoire des LCS NA.
Cette finale à Vancouver revêt une importance particulière pour Wildturtle, Biofrost (TSM) et Hanutzer (C9), tous canadiens.
Crédits : Riot Games
Trois raisons pour lesquelles cette partie doit impérativement être vue
1. Parce que s’il y a une partie de Lol qui prouve que le destin peut basculer sur un détail, c’est celle-ci. Il aura suffi d’une microseconde, à la 41e minute, pour que les carrières des dix joueurs basculent.
2. Parce que le duel Jensen-Bjergsen, entre les deux compatriotes exilés, est incroyable. Digne d’un arc d’anime.
Jensen VS Bjergsen. Presque une affiche de film. Crédits : Riot Games
3. Parce que cette game est un « mano à mano » hyper excitant, où les deux équipes se tiennent dans un mouchoir de poche du début à la fin. Pour une 5e game de finale, difficile de rêver mieux.
La draft et le déroulement de la partie
Le but de cette chronique est de redécouvrir quelques-unes des meilleures parties de LoL de l’histoire. Nous vous conseillons donc vivement de regarder celle-ci. Vraiment, elle est haletante de bout en bout.
Si vous manquez de temps, vous pouvez regarder seulement les meilleurs moments de la partie, ci-dessous. Dans tous les cas, la suite de l'article décrit les événements de la partie et ses rebondissements et soyez-en certains, il y en a beaucoup.
La draft
Tout le monde a évidemment les yeux rivés sur les champions choisis au mid. Sans surprise au vu du patch 7.6, ce sera Ekko pour Jensen contre la Syndra de Bjergsen. Pour TSM, le choix est fait d’une composition très forte en début de partie, avec Lee Sin notamment sur Svenskeren. À l’inverse, Cloud 9 veut jouer sur le splitpush, autour de Ray, qui joue Kled, le tout nouveau champion, et d'Ekko, tous deux étant partis sur un Téléport.
Les choix botlane sont beaucoup plus conservateurs, avec une Lulu contre une Nami. Crédits : Riot Games
La partie
Avec l’enjeu, on aurait pu croire que les équipes allaient commencer prudemment et pourtant, c’est tout le contraire qui se produit. Les quinze premières minutes sont une succession de coups portés par Svenskeren et Contractz, où les deux formations font jeu égal, 5-5.
15 minutes de jeu et une égalité quasi parfaite aux golds. Crédits : Riot Games
Pas un pour dépasser l’autre
Ce début de partie explosif permet à certains joueurs de prendre beaucoup d’avance. Parmi eux, Bjergsen. Très à l’aise sur Syndra, le champion sur lequel il s’est créé une réputation en inscrivant le tout premier quintuplé de sa carrière avec Copenaghen Wolves, il répond présent sur toutes les escarmouches. Jensen n’est pas en reste non plus sur Ekko, avec lequel il avait pourtant été transparent lors de la deuxième partie, et parvient à récupérer des kills sur des adversaires isolés.
En 2013, CW avait récupéré sa première victoire après neuf défaites d'affilée grâce à l'arrivée de Bjergsen en cours de split.
Crédits : Riot Games
Après 20 minutes, les deux équipes sont toujours à égalité parfaite. Sans éviter les combats pour autant : C9 profite au maximum du « Chaaaaaaaargez » ! de Ray pour engager TSM, qui se défend bien en parvenant à survivre d’un rien à chaque reprise. Rien n’y fait : combat après combat, aucune équipe n’arrive à prendre l’avantage sur l’autre. Chaque erreur devient alors dramatique. Portée par Jensen, c’est C9 qui réussit à prendre un micro-avantage la première, en parvenant à faire du quatre pour deux et à récupérer le Nashor.
Stupeur et tremblements
En 6/1, le midlaner de Cloud 9 est, sans mauvais jeux de mots, sur un petit nuage. Un bon dernier combat et il pourra réaliser son rêve et remporter son premier trophée. Alors que TSM a entamé le Dragon Ancestral, il se précipite sur ses adversaires, prêt à en découdre… et disparaît brutalement. D’un burst soudain, Bjergsen surprend son vis-à-vis et lui retire toute sa vie sans lui laisser le temps d’activer sa Chronofacture.
I always fall short when it matters the most, I'm sorry to all my fans & especially my team. Game 5 was 100% on me. Ggs
— Nicolaj Jensen (@Jensen) 24 avril 2017
Après la partie, Jensen expliquera que, rongé par le stress, il tremblait comme une feuille au moment de l’action. L’envie de trop bien faire, sans doute. Les espoirs de C9 flanchent en même temps que le physique de son leader. Sur cette erreur fatale, elle perd coup sur coup le fight et la partie, TSM peut tranquillement prolonger son règne.
L’après
Cette partie est le dernier coup d’éclat de C9 au niveau régional. Ses splits se suivent mais ne se ressemblent pas : ses deux dernières campagnes de Playoffs se sont achevées en 5e place. Dans l’équipe actuelle, seul subsiste Jensen, toujours en quête d’un premier titre, et Sneaky.
Cinq ans après la création de C9, Sneaky est toujours fidèle au poste. Crédits : Riot Games
La trajectoire de TSM est moins chaotique. Avec sensiblement le même roster, l’équipe remporte le Summer Split, avant de décevoir une nouvelle fois aux Worlds. Cet échec la pousse à remanier sa composition et à ne conserver que Bjergsen et Hauntzer pour l’année 2018. Sans résultats fabuleux, Solo Mid réussit quand même à atteindre les demi-finales du Summer Split. Le week-end dernier, elle y affrontait... Cloud 9, défaite à la clé. Avec un air de revanche.
Rebelote au Summer 2017 pour TSM, avec le retour de Doublelift. Crédits : Riot Games
Le MVP de la partie
Bjergsen – 8/3/2 - Syndra
Le Danois qui a réussi à conquérir l’Amérique. Là où les nerfs de Jensen ont fini par flancher, ceux de Søren Bjerg sont restés d’acier. Impérial en début de partie, où il a touché toutes ses « Dispersions des faibles », il a su briller au moment où il le fallait, parvenant à prendre son rival au dépourvu.
Bjergsen a déjà posé cinq fois avec son meilleur ami : le trophée des LCS NA. Crédits : Riot Games
Le move de la partie
41:37 : au dragon ancestral, c’est l’heure du combat. Dans l’élan de l’ultime de Kled, Jensen essaie d’atteindre les carrys de TSM avec son « Rush déphasé ». Ne trouvant pas de cible sur laquelle se jeter, il se retrouve isolé au milieu de la mêlée. C’est la fenêtre qu’exploite parfaitement Bjergsen pour lui placer son burst, lui enlevant toute sa vie sans qu’il ait le temps de réagir. Jensen avait raison de trembler.
C'est fini pour cette game de légende ! On se retrouve dans deux semaines pour se plonger à nouveau ensemble dans l'histoire de LoL !
Poster un commentaire