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03 janv. 2017 - Hatnuz League of Legends

Les dix BO qui ont fait 2016

Alors que vous émergez doucement en ce début janvier, c’est non sans une pointe de nostalgie que vous vous rendez compte que la compétition reprend bientôt, et que l’année 2016 est bel et bien achevée. Des légendes sont nées, d'autres se sont tues. De la chute de Fnatic à KT Rolster qui bat enfin ses démons, de Pray à Crown, en passant par Ryu ou Bengi, préparez-vous pour un long voyage rétrospectif sur les dix duels marquants de cette année.

Dans l'ordre chronologique :

- ROX TIGERS vs SKT T1 : 1-3 Finale Spring Split LCK

Avril. C'est sans autre forme de procès que SKT vient d'expédier sa demi-finale contre KT par trois manches à rien, et qu'ils retrouvent les Tigers, premiers de la saison régulière. C'est un match au sommet, ponctuant un printemps mouvementé pour Faker et ses coéquipiers qui finissent au pied du podium à la fin des dix-huit rencontres. Les rumeurs vont bon train quant à l'état de forme des champions du monde et tenants du titre régional, mais la première partie rassure tout de suite les fans avec un scénario classique du type « Je te roule dessus avec toutes mes lanes » et une parfaite utilisation de la Poppy top.

Très solides les mois précédents, les Tigers trouvent immédiatement les ressources pour élever leur niveau de jeu et égaliser au terme d'une deuxième manche intense et sanglante. Cette fois-ci, c'est Smeb qui prouve sa maîtrise du Ekko en situation de flank lors de duels magistraux contre le Lucian de Bang. Le toplaner est infernal, ne relâche jamais la pression et permet au duo Kuro-Pray – respectivement sur Corki et Ezreal – de poser les dégâts nécessaires.

Les troisièmes et quatrièmes matchs, bien que disputés, ont clairement vu émerger SKT avec des compositions étonnantes et extrêmement solides. On pourra par exemple citer le Rammus de Duke dans l'ultime partie, ou encore le Vel'koz mid de Faker en réponse parfaite à une Lissandra. Mais si c'est bien le premier qui s'empare légitimement du titre de MVP des Playoffs, le deuxième sort un énorme BO où il a joué quatre champions aux styles complètement différents (Zilean-Azir-Vel'koz-Cassiopeia) ponctué par deux « Regards de la Méduse » coup sur coup en fin de game 4. Tout simplement inouï.

Un bon petit « Ult-flash » des familles, et le combat semble déjà perdu pour Pray et son équipe…

Après avoir douté durant les premières semaines de cette année suite aux arrivées de Blank et Duke, SKT trouve juste à temps son niveau pour s'envoler au MSI. Un tournoi que l'équipe pliera avec une facilité déconcertante.

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- RNG vs EDG : 3-1 Finale Spring Split LPL

L’éternel duel des deux grosses écuries chinoises prenait une nouvelle tournure au printemps : absent des Worlds 2015, l’équipe RNG débauche Mata et roule sans ménagement sur la saison régulière. Aux côtés du génie coréen, c’est le jeune ADC Wuxx qui commence la finale.

Difficile d’imaginer meilleure introduction à un duel au sommet par la partie qui nous a été proposée. Trente-neuf kills en quarante minutes, des teamfights à la pelle, incroyablement serrés et un Mata sur son Tresh qui fut à la hauteur des attentes. Sur une enième mêlée générale, le midlaner Xiaohu permet à son équipe de s’adjuger ce premier acte qui donna le ton pour la suite. Une suite qui sera largement à l’avantage des Edwards Gaming. Le fait de placer Deft sur Twitch a clairement facilité la synergie de l’équipe, et Meiko est visiblement plus à l’aise sur Tresh que sur Bard. Le gardien des âmes damnées sera d’ailleurs largement contesté tout au long du BO.

La finale prend certainement un tournant dans cette troisième manche, à peine plus calme que les deux précédentes. Et dans ces moments indécis, un nom sortira : Looper. Armé de sa Quinn, le toplaner sera intenable (à l’image de sa saison régulière, où il termine avec un KDA global de 5) et permettra à Wuxx de faire un véritable carnage sur son Jhin qui termine à 9/0/3.

Le festival de Looper, sur Poppy cette fois, continuera dans ce qui sera la dernière partie de cette finale LPL. Une dernière manche sanglante, avec, comme d’habitude, énormément de kills mais très peu des avantages pris par l’une ou l’autre équipe sont réellement convertis en objectifs neutres. Une expression sera très souvent utilisée par les casters anglais : « Making the best out of a bad situation » – que l’on pourrait traduire par « Tirer le meilleur d’une situation compliquée ». Cette formulation convient très bien à EDG dans cette finale où ils se sont vaillamment battus, mais un trop grand nombre d’approximations, de joueurs isolés (notamment Koro1 un peu en deçà de ses capacités) et de fights engagés à la « va-vite ». Les extraits audios des deux équipes dans l’action sont éloquents, avec d’un côté Mata et Mlxg qui dirigent les opérations de manière fluide, et de l’autre une cacophonie de calls divers et variés.

Le prodige coréen est fier de son équipe, et particulièrement des trois jeunes joueurs chinois qui laissent éclater leur joie une fois la victoire acquise...

RNG renoue avec le succès et, surtout, trouve en Mata l’homme providentiel qui lui a permis de dominer la Chine de la tête et des épaules durant une année entière.

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- KT vs SKT T1 : 3-2 Demi-finale Summer Split LCK

Mesdames et messieurs, je vais vous demander d'inspirer une grande bouffée d'air frais pour la suite car on attaque (déjà) la fin de la saison d'été avec, dans la catégorie « match de légende », sous-catégorie « rivalité historique », sous-sous-catégorie « jamais réalisé en trois ans » : ce KT vs SKT d'anthologie aux portes d'une finale contre les Rox Tigers.

Après un début de partie où l'omniprésence de Score rendra quelque peu nerveux ses adversaires, ceux-ci se replieront parfaitement en position défensive. Une rigueur implacable qui se révèlera payante lorsque la composition Malzahar-Sivir-Maokai des SKT atteindra son pic de puissance. Le Kog'maw d'Arrow est impuissant et la première manche va chez Faker et ses coéquipiers.

Après la phase défensive, l'équipe du coach Koma fera l'étalage de ses talents offensifs dans un bon gros stomp des familles où il apparaît clairement que Score doit être percutant dès les premières minutes de jeu. KT doit apprendre de ses erreurs, et doit le faire vite car l'équipe est menée deux manches à rien.

Et là, l'incroyable se produit. Alors qu'elle semblait en totale maîtrise de la situation, SKT va petit à petit s'effondrer, ou plutôt est-ce les joueurs KT qui se sont transformés en machines de guerre. En première ligne de ce revirement de situation, il y a Arrow qui passe en « god mode ».

Trois Jhin's, trois victoires, et plus aucune mort pour l'ADC mythique de la structure.

Parler seulement d'Arrow serait réduire la frappe d'un poing à un seul doigt, car c'est bien toute l'équipe qui élève son niveau de jeu pour s'emparer de la troisième partie durant laquelle Fly (sur son Ekko en counter de Kassadin) et Hachani (sur Bard) parviennent à imprimer un rythme effréné d'une partie qui ne leur échappera plus.

Si la quatrième manche sera légèrement plus serrée au niveau des gold, les escarmouches sont toujours en faveur des joueurs KT et d'un Score dominateur autant en counter-jungle qu'en gank au bot et au mid qui permettent respectivement de mettre Arrow et Fly dans la meilleure position pour foncer vers l'égalisation à deux partout. La dernière fois qu'un « Clasico » était arrivé à l'ultime game, c'était durant l'été 2013 et l'inoubliable Zed vs Zed (ce jour-là, c'est KT qui avait mené 2-0 avant de voir leur future Némésis retourner la situation à 2-3). Tout d'un coup, cette cinquième partie sonne comme une revanche pour Ryu et KT Bullet, comme la rédemption au bout des doigts après toutes ces années.

Le dernier acte de cette demi-finale se lance alors que rarement une telle intensité fut observée en ligue coréenne. Faker sur Karma, Fly sur Lissandra et surtout le Gnar démentiel de Ssumday, se jettent dans ces ultimes combats avec la rage de vaincre. Mais dans ces moments d'une rare intensité, c'est KT, en état de grâce sur ce coup-là, qui manœuvre parfaitement. Un ultime de Taric qui tombe pile au bon moment, un flash-stun de la Elise qui touche Faker entre deux coéquipiers, les signes ne trompent pas. SKT résiste comme une équipe peut le faire avec quinze kills de retard, mais craque sur un ultime engage du toplaner mythique des KT's.

Faker et son équipe n'iront pas en finale régionale, renversé par leur Némésis dans un des matchs les plus symboliques depuis que la LCK (et que l'OGN) existe.

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- KT vs ROX TIGERS : 2-3 Finale Summer Split LCK.

On enchaîne directement avec la finale de ces mêmes Playoffs opposant justement nos chers amis de chez KT à Rox Tigers. Une finale inédite et extrêmement serrée qui témoigne de l’intensité des matchs à la fin du mois d’août. Kuro se jette sur Taliyah, tandis que Fly s’adjuge Aurelion Sol dans la première partie, mais c’est Smeb qui fait couler le premier sang avec Gangplank contre Ssumday. Désormais cible de toute l’attention adverse, Smeb ne panique pas et investit rapidement dans un Hexdrinker – hors normes, mais terriblement efficace contre Ekko, Elise et Aurelion – qui le rend trop fort trop vite. La composition de catch Taliyah-Ashe-Trundle fait le reste. 0-1.

« Et là j'ai vu une composition triple AP, j'ai pris GP into Hexdrinker gg easy ».

Décisive, la Taliyah se retrouve pour la deuxième manche dans les mains de Fly et, pour la deuxième fois, se révèle maîtresse du jeu de positionnement. KT se réveille et propose un jeu dans la lignée de sa demi-finale, où Arrow sur Ezreal et Score sur Gragas semblent intouchables. Suite à l’égalisation, Kuro et compagnie décident de partir sur une toute autre composition de teamfight à base de dégâts de zone, dont l’efficacité se démontrera dès les premières escarmouches. Face à une composition à faible engage chez KT, le trio Rumble-Malzahar-Sivir ne fera qu’une bouchée d’Arrow et Fly. Mention spéciale à Gorilla et son flash-combo avec Alistar qui débloque la situation au bon moment. Les Tigers sont en bonne position pour empocher leur premier grand trophée. En game 4, Arrow fait une fois de plus le show sur Sivir (11/1/9) et survole la partie globalement dominée par son équipe.

Arrive cette cinquième manche, et l’incroyable scénario qu’elle renferme. La tension est palpable entre les deux formations et les minutes passent sans que personne ne prenne l’avantage. Passé la demi-heure de jeu, Peanut se loupe sur son engage avec Hecarim et laisse l’initiative à la composition Aurelion Sol-Kindred-Ekko. En position de force et après avoir une nouvelle fois tué le jungler adverse, KT lance le call nashor... ce call nashor.

Les deux malheureux points de vie du baron après le smite de Score seront terminés par l'ultime du toplaner ROX, au son des « 2 hp ! 2 hp ! » des casters anglais...

Tout simplement monstrueux sur Gangplank, Smeb –ou plutôt son tir de barrage – sauve le match des Tigers. Pour Score et ses coéquipiers, le moral est au plus bas et, malgré un baroud d’honneur sur les marches de leur Nexus, la belle histoire ne sera pas pour eux ce soir. La beauté de la LCK sublimée par les larmes du vainqueur sur scène, une chose pas vue depuis... KT Arrows en 2014.

Après deux années de frustration contre SKT, la formation Rox Tigers s’octroie le prestigieux titre régional, et un seed n°1 aux Worlds.

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- CLOUD 9 vs IMMORTALS : 3-2 Demi-finale Summer Split NA

Un petit détour par la ligue américaine, qui, bien qu’objectivement moins talentueuse que son homologue coréenne, a fait couler pas mal d’encre cette année. Et en voici un bel exemple avec  un affrontement entre deux équipes aux antipodes l’une de l’autre. Le goût du risque pour Immortals et Huni contre Cloud 9 et leur stratège Meteos.

À l’image du BO, les deux équipes se disputent la première partie en essayant d’imposer leur style de jeu sur la carte. Reignover et Huni, comme à leur habitude, s’imposent déjà comme incontournables. La première manche va pour Immortals et, prenant un peu trop confiance, « Huni Potter » sort sa Riven d’un coup de baguette magique. Cela  fait certainement plus plaisir aux fans qu’à Wildturtle, qui voit Reignover se concentrer sur son toplaner et donc délaisser complètement l’ADC. Une stratégie absolument pas payante car, malgré trois quarts d’heure de combats incessants, le toplaner coréen continue de mourir au bout de quelques secondes en teamfight. Cloud 9 revient à la hauteur d’Immortals, puis passe devant lors d’une troisième partie sans embûches. Impact impérial sur son Gnar, tout comme Jensen qui termine à 8/0/7 sur Zilean. Dos au mur, les favoris se reprennent de manière appliquée et sérieuse, forçant une ultime partie pour décider qui ira en finale.

À l’instar du BO précédemment exposé, la dernière partie est marquée par un moment décisif. Ici ce n’est pas un steal d’objectif mais un dive d’Immortals extrêmement bien défendu par Smoothie sur Tahm Kench qui s’improvise en Smeb pour sauver Sneaky de la Lissandra de Huni et gagner suffisamment de temps pour que les renforts arrivent. 

Smoothie qui échappe à l'escouade adverse, son précieux butin en bouche...

Bilan : quatre morts pour zéro, un nashor, un dragon infernal et surtout un moral gonflé à bloc pour leur marche vers la victoire. Quelques sauvetages de Smoothie plus tard, Cloud 9 peut fêter une cinquième participation en finale consécutive, tandis que pour Immortals (et particulièrement Huni), les critiques fusent de toutes parts. La désillusion est totale.

Si Impact est élu MVP du BO, Smoothie reçoit des acclamations unanimes  pour son travail défensif sur Sneaky. Cloud 9 perdra la finale contre TSM, mais sera tout de même la seule équipe américaine à passer les groupes des Worlds.

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--SAMSUNG vs KT ROLSTER : 3-2. Finale Regional Qualifier LCK.

Le regional qualifier, c’est avant tout savoir si sa saison va finir fin août ou fin octobre. On comprend dès l’or l’importance et les conséquences d’une telle rencontre. Ambition (SSG) et Score (KT) se disputent le dernier ticket des Championnats du monde dans un BO où Samsung prend directement l’ascendant grâce au Viktor de Crown. Une performance à laquelle Fly répond par une Lissandra et Score par une Nidalee. Omniprésent en counter jungle,  il parviendra  même à tuer la Sivir de Ruler sur une spear « max range » ! Samsung ne semble, à ce moment-là, pas au meilleur de sa forme. Cuvee, grandiose en game 1, peine à se montrer décisif sur Ekko et la Nidalee est une fois de plus laissée à Score avec des conséquences tragiques en termes de farm et de teamfight. KT mène désormais 2-1. Mais enterrer Ambition prématurément est une erreur que beaucoup ont faite par le passé.

Phase de draft une fois de plus centrée autour de la jungle, tout semble se passer comme prévu…jusqu’au pick de Skarner par le joueur Samsung.

Le « tchou-tchou »...

Comme par enchantement, Score ne parvient plus à se montrer décisif, tandis que Cuvee et Core JJ font des merveilles sur les escarmouches de début de partie. Pour la deuxième fois dans ce BO, l’équipe Samsung écrase son adversaire sous la demi-heure de jeu. La dernière manche se lance dans la foulée, tout le monde ou presque se retrouve sur un champion sur lequel il a brillé dans la soirée. Le début de partie est relativement calme, et puis tout explose au premier dragon où, pour la première fois, Ambition parvient à se montrer plus décisif que la Nidalee de son homologue. C’est une affaire de détails, comme toujours, une bataille de smite au milieu d’une mêlée générale, un doigt qui tremble moins que l’autre. On avait tellement envie de voir ces deux formations aux Worlds, à ce moment-là on aurait donné cher pour autoriser un quatrième ticket, tant on ne voulait pas que cela s’arrête. Deux junglers de légendes entrent, un jungler de légende sort. Core JJ est officiellement désigné le meilleur Tahm Kench du monde après une autre incroyable partie.

Samsung, qui n’avait plus battu KT Rolster depuis 2014, s’offre un ticket pour les Worlds et nous les retrouverons plus bas, car leur extraordinaire parcours ne s’arrête pas ici.

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--WORLD ELITE vs IMAY : 2-3. Finale Regional Qualifier LPL.

On ne quitte pas l’Extrême-Orient avec une rencontre assez remarquable pour le dernier ticket chinois des Worlds. RNG et EDG étant les deux principales écuries cette saison, beaucoup allait se jouer sur ce match entre les petits nouveaux de chez I May et la structure World Elite.

Pour AmazingJ (toplane) et ses coéquipiers, la tâche semble difficile au regard de la première partie. Contrôlés par  l’excellent Malzahar de Xiye, les joueurs ne parviennent pas à se montrer aussi décisifs que durant les play-offs, où I May avait battu cette équipe lors du match pour la troisième place. Changement immédiat de stratégie, c’est à la botlane que les premiers signes encourageants arrivent. Grâce à un très gros travail de contrôle de carte, plusieurs dragons infernaux sont récupérés et c’est au tour de WE de se retrouver impuissant avec un Varus qui arrache des demi-barres de vie sur chaque flèche. Un partout.

Alors que les joueurs retournent pour la troisième fois dans la Faille de l’Invocateur, le midlaner d'I May Athena repart sur un Vladimir contre Malzahar et, comme sur la game 1, on va se retrouver avec un problème de contrôle de carte que la présence du Shen ne fera que rendre plus pénible chaque incursion dans la jungle.

En permanence sous l'état « Hémorragie », les possibilités de manoeuvres sont faibles pour Vladimir dans ce match-up.

Les joueurs gardent la tête hors de l’eau et se battent malgré un retard de gold évident. Encore une fois les World Elite se retrouvent devant dans ce BO grâce à une partie très propre, et encore une fois ils seront rattrapés par leurs adversaires lors d’une quatrième partie folle (et l’ace le plus rapide de l’histoire compétitive après 210 secondes pour I May). La Sivir de Jinjao ayant récupéré une grosse part de butin, et renforcée par deux dragons infernaux très tôt, sera reine de la Faille (6/0/8 et un quasi full-stuff à 28 minutes de jeu) et force un ultime acte à ce BO.

Nous y voilà ! Soyons honnête, la présence de ce I May-World Elite dans cette rétrospective se justifie presque intégralement par cette cinquième partie. Nautilus, Malzahar et Sivir du côté des rookies, Ekko-Gragas-Syndra pour les vétérans qui prennent assez rapidement l’ascendant, grappillant rapidement une confortable avance aux dépends du malheureux AmazingJ. Il semble qu’à l’image des deux précédentes victoires de WE, il n’y aura qu’une résistance vaine. Le call nashor est lancé à la 28ème minute alors que le marquoir affiche 3-12 au nombre de kills. Mais, exemplaire dans l’adversité, I May se jette dans le pit et Avoidless s’empare du précieux objectif avec un smite sorti de nulle part. Un sursis qui ne change pas la physionomie de la partie des WE, glanant centimètre après centimètre, tour après tour. Un nashor, puis un dragon ancestral, World Elite avance pour gagner dans la gigantesque enceinte qui accueille le match et les dix mille spectateurs chinois.

I May (à gauche) est bien mal en point à ce moment-là...

Commence alors l’improbable remontée, probablement le comeback de l’année. I May profite d’un excès de confiance de leurs adversaires  pour se révolter et gagner un premier teamfight grâce aux dégâts de zone de Malzahar et Sivir, mais aussi grâce au Nautilus qui gêne magnifiquement bien tant le Jhin que la Syndra. La tension est incroyable, aucune des équipes ne veut plus se mouiller, un teamfight qui part pour World Elite sur une seule balle de Jhin qui « one shot » Jinjao (comme si cela ne suffisait pas, la partie est mise en pause pendant une poignée de minutes). World Elite se regroupe devant le dernier inhibiteur à la toplane.

La téléportation qui permet à AmazingJ d’offrir les Worlds à son équipe…

Sur une téléportation, le toplaner prend à revers toute l’équipe et gagne le fight à lui tout seul. Jinjao fonce vers la base ennemie, prend une, deux, trois puis quatre tours, un inhibiteur dans la foulée, et abat le Nexus sous les hurlements du cast anglais. Scénario incroyable, l’équipe est euphorique, AmazingJ, souvent pointé du doigt comme n’ayant pas sa place en LPL, écarté par Edward Gaming, et souvent approximatif durant ce BO, craque complètement et ne peut retenir ses larmes durant de longues minutes. Au bout d’eux-mêmes, au bout de l’enfer, I May a réalisé l’impossible.

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--SKT T1 vs ROX TIGERS : 3-2. Demi-finale des Worlds.

Nous arrivons dans la dernière partie de cette rétrospective, et qui dit dernière partie dit Championnats du monde. La sélection de cette année s’est portée sur probablement les deux duels les plus serrés de l’histoire de ce tournoi. Et on commence avec la demi-finale SKT vs Rox Tigers.

Pour la première fois dans l’histoire de leur confrontation, l’équipe de Pray est désignée comme légèrement favorite ou, du moins, capable d’imposer son style de jeu. Toutes les promesses sont tenues durant la première manche, des duels extrêmement tendus, des toplaners qui font la différence, et des échanges constants d’objectifs. À la demi-heure de jeu, SKT est devant mais les trois dragons infernaux récupérés par leurs adversaires tempèrent largement l’avance des champions du monde en titre. Défense impeccable de de Kuro et Pray, respectivement sur Viktor et Caitlyn, qui récupèrent un nashor subtilement calé pendant que Wolf et Cie avaient les yeux ailleurs. Le vent est en train de tourner… jusqu’à la shockwave de Faker qui détruit Kuro et GorillA. Fin de la partie.

Pas le temps de se remettre de ses émotions, la deuxième phase de draft se lance, et dévoile une Miss Fortune support pour GorillA. Un combo avec Ashe dévastateur et des lanes très agressives, les Tigers retombent directement sur leurs pattes.

On me signale que le respect est parti aussi vite que les points de vie de Wolf...

Les carries de l’équipe, Smeb et Pray, montrent leur maîtrise du jeu dans des teamfights tendus, mais c’est ce dernier qui inscrira son nom dans l’histoire. Déjà connu pour être l’une des meilleures Ashes du monde, l’ADC coréen gratifie Chicago d’une Arrow qui interrompt la téléportation de Duke à l’autre bout de la carte, ce qui lui donne le temps de finir le Nexus avec l’aide de son support. Fantastique.

« It was at this moment, Duke knew... »

Troisième partie, et toujours un même duo Ashe-Miss Fortune qui se révèle un contre parfait à la Zyra de Wolf. À l’image des deux parties précédentes, les moments décisifs arrivent en fin de mid-game. SKT négocie admirablement bien ses timings d’agression, mais Pray sort, à la trente-troisième minute, une merveille de teamfight à 2v4 qui rappelle les meilleurs moments d’Imp ou de Bang en 2015.

Menés, l’équipe de Faker réagit radicalement en changeant complètement de composition. Cela se passe mieux pour Bang depuis que la Miss Fortune ne foule plus le sol de la Faille. Mais ne vous y trompez pas, le principal artisan de la victoire, c’est le général Bengi, entré au jeu à la place de Blank et immédiatement indispensable sur sa Nidalee. Les deux équipes se retrouvent à 2-2.

Outre l’obligatoire retrait de Miss Fortune pour SKT, deux choix importants sont faits dès la phase de draft. Tandis que Wolf s’accapare une Nami, Smeb sort un pick « Huni’esque » : Jayce. Début de partie serré, mais SKT semble plus serein et punit logiquement un call nashor approximatif, pour ensuite dérouler tranquillement vers la victoire. Bengi est intraitable, il a survolé la demi-finale et est élu MVP du BO.

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--SKT T1 vs SAMSUNG : 3-2. Finale des Worlds.

Nous y voilà ! La finale des Worlds, consécration d’une année de travail et dernière marche à gravir pour le titre ultime. Seul Samsung se dresse encore entre SKT et son troisième sacre mondial. Et Dieu que cette première partie fut éprouvante pour les deux équipes. Alors que quelques escarmouches bien négociées placent le général Bengi et son équipe aux commandes de la partie, ils auront un mal fou à terminer leurs adversaires. Le duo Viktor-Caitlyn défend à merveille, Samsung gagne un, puis deux teamfights d’affilée, fait durer la partie et douter SKT, mais Faker se montre décisif sur Orianna dans la dernière bataille de cette première manche, tuant Crown et Ruler pratiquement à lui tout seul. Un à zéro après cinquante-cinq minutes de jeu.

Pour l'occasion, le parquet du Staple Center quittait sa teinte claire pour une ambiance plus sombre...

Samsung réagit en orientant sa composition vers quelque chose de plus agressif, un trio Kennen-Kindred-Cassio qui ne parvient cependant pas à imprimer de rythme dans la partie. Ambition, que l’on avait trouvé impérial contre KT, est à la peine. Faker déroule sur son Ryze et achève rapidement ses adversaires pour expédier la partie en une petite demi-heure. Rien dans notre esprit ne semble pouvoir arrêter l’armada SKT.

Rien, mis à part l’improbable. L’improbable, c’est cette partie « alien », comme on en voit une seule par an. Une partie qui commence de manière banale, avec ses escarmouches, ses ganks sur le Aurelion Sol de Crown, etc. L’avantage est à SKT mais Samsung parviendra à chiper ici et là un, deux, trois, puis quatre (!) dragons au nez et à la barbe de la Elise de Bengi. On arrive gentiment à la demi-heure de jeu et Samsung revient à la hauteur de leurs homologues après une formidable « Insec » d’Ambition sur Faker. Cette partie est en train de devenir légendaire au moment où Ruler sort un teamfight de folie avec Ezreal, permettant à son équipe de détruire les trois inhibiteurs ennemis. Nous sommes juste avant l’heure de jeu. Sous une tension insoutenable, les minutes s’égrainent et pourtant les teamfights s’enchaînent. Sans inhibiteur, c’est maintenant SKT qui remporte les escarmouches mais qui ne peut convertir cet avantage. Ce n’est enfin qu’après encore quelques crises cardiaques, un vol de dragon ancestral à la 68e minute de jeu (le quotidien d'Ambition), puis un baron, que les joueurs Samsung abattent le Nexus adverse.

Une heure et onze minutes de jeu, un Ambition taille patron, un Ruler démentiel mais surtout, surtout, la Zyra de CoreJJ.

On ne peut même plus parler de « support » à ce niveau-là. Crédits : Riot Games

Après ces émotions, la quatrième partie voit SKT tenter de mettre Blank à la place de Bengi, mais la stratégie ne fonctionnera pas aussi bien qu’espérée. Ruler continue quant à lui sur sa lancée et étale sa maîtrise de Jhin dans plusieurs teamfights d’affilée. Malgré une belle résistance, l’équipe de Kkoma doit baisser les bras et tout se jouera donc sur une ultime partie. Une finale jouée au meilleur des cinq manches. Pour la première fois du BO, c’est Samsung qui prend l’initiative en début de partie, mais les futurs champions puisent dans toutes leurs ressources, et, le retour du général Bengi aidant, remportent plusieurs batailles décisives. Le Viktor de Faker est particulièrement violent. Rien ne peut plus faire obstacle à la meilleure équipe de l’histoire de du jeu. On félicitera les Tigers et les Samsung pour leur BO respectif, mais à la fin, c’est encore SKT T1 qui soulève le trophée. Faker est élu MVP du tournoi, mais Bang et Bengi ont également été stratosphériques. Et n’oublions pas Wolf et Kkoma, les stratèges.

« L’histoire de League of Legends ne s’écrit pas avec des mots, elles s’écrit avec SKT »

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--UOL vs FLASH WOLVES : 3-2. Finale IEM Oakland.

Attendez ? Ce n’est pas la fin ? Eh bien non, vous l’aurez surement remarqué mais 2016, malgré un top 4 aux Worlds pour H2K, n’était pas une année européenne. Mais le Vieux Continent a tout de même eu droit à son moment de gloire en novembre, lors  d’un tournoi IEM où les Unicorns of Love ont été sacrés champions. Une performance d’autant plus imprévisible que l’équipe a dû se défaire de … TSM en demi-finale.

Même en comparant les logos des six équipes engagées dans le tournoi, il y en a un qui sort du lot, coïncidence ?

La finale, jouée contre les Taïwanais de Flash Wolves, n’avait pourtant rien d’une partie de plaisir. Face à la composition Vek’koz-Nidalee-Ashe, Exileh et ses coéquipiers se battent courageusement mais doivent s’incliner. Il n’y aura pas de cadeau dans cette finale. La deuxième partie est nettement plus à l’avantage des Européens, notamment grâce au midlaner UOL, impérial sur Cassiopeia.

De retour sur leur composition de la première partie, Flash Wolves repart sur de bonnes bases mais cette fois-ci Vizicsacsi seconde Exileh dans la résistance et le duo Orianna-Poppy est diablement efficace pour aller chercher les cibles statiques adverses et faire le break dans ce BO.

Malgré un gros stomp en quatrième manche (également marquée par une pause technique d’une demi-heure ; globalement, les pauses auront fortement handicapé le spectacle et ne plaident pas en faveur d’une médiatisation pour ces tournois IEM), les UOL parviendront à se ressaisir dans l’ultime partie. Veritas est intenable sur Kalista, mais Hylissang n’est pas en reste sur son Tresh et sort coup sur coup des hook décisifs sur la Orianna du midlaner adverse. Le titre va pour UOL, ainsi qu’une des images de l’année grâce au bon Romain Bigeard :

Quel coquin ce romain !

VOD  (Crédits video : ESL)

Si l’année passée, l’Europe avait la tête dans les étoiles, cette année représente sans doute le retour sur Terre. Une Terre que dominent outrageusement les Coréens, maîtres du jeu et du beau jeu. Pourtant des belles histoires ce sont écrites. Celle de Ryu, par exemple, qui se retrouve en demi-finale des Worlds après un exil européen, ou de Core JJ, moqué chez Dignitas avant de devenir l’un des meilleurs supports du monde chez Samsung  et passer à un cheveu d’un titre mondial. Et puis les Unicorns of love qui remporte leur premier titre international. 2016 fut une année pleine, entière. Mais une année coréenne une fois de plus, et les transferts du récent mercato n’œuvrent pas pour un changement majeur dans l’année à venir.

 Allez quant à moi, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une faste année 2017, et à très bientôt sur Ogaming.tv !

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