LCS NA : la tempête Phoenix1
Après avoir longtemps cru que la bonne surprise de ce printemps en NA serait Flyquest, force est de constater que les regards intrigués sont dirigés sur une autre équipe, emmenée par les Coréens Ryu et Arrow que plus grand chose n'arrête en ce moment : Phoenix1. Focus sur un possible candidat au titre régional.
Enjoy Phoenix1
L’annonce du roster en janvier en avait fait réagir plus d’un. Après Piglet, GBM, Looper ou Impact, c’est une autre pointure coréenne qui faisait son entrée en LCS NA : Arrow. « Encore un talent gâché » pouvait-on lire ici et là. Il faut dire que pour accompagner ce que l’on considère comme un des meilleurs ADC du monde, il y avait le midlaner Ryu, Inori, Meteos et deux joueurs de seconde zone : Zig et Stunt.
Zig, seul joueur restant de la line up de la saison passée qui s'était sauvé de la relégation in extremis. Crédits : Riot Games.
Avec un Coréen ayant joué en Europe pendant deux ans, un Coréen ayant joué chez Kt Rolster et trois joueurs anglophones, la question de l’adaptation et de la synchronisation n’était pas à prendre à la légère. D’autant plus que non seulement les LCS NA ont déjà une liste bien remplie de joueurs qui ont eu toutes les peines du monde à s’adapter à cette nouvelle ligue, mais que le spectre du facteur Huni/Reignover chez Immortal est toujours bien présent (cela consiste à dominer la saison régulière et s’effondrer en Playoffs par manque de jeu d’équipe). L’Amérique en a assez de voir années après années son rêve brisé sur l’autel de la liberté de jeu. Elle veut une équipe rigoureuse et implacable, qui sait ce qu’elle a à faire pour gagner et qui le fait bien.
C’est dans cet état d’esprit-là que le public NA entrevoit, semaine après semaine, la tempête Phoenix1 qui balaie tout sur son passage. Avant sa défaite contre Cloud9, l’équipe était sur une série de neuf victoires consécutives et se classe à une très légitime 3e place, sans cependant pouvoir espérer plus haut.
Malgré des revers contre d'excellents C9 et TSM, la structure affiche un bilan plus que positif.
La paire gagnante
Il est parfois difficile d'attribuer la réussite d'une équipe à l'un ou l'autre joueur. La notion de MVP va d'ailleurs un peu à contre-courant d'une partie où il est très rare qu'un joueur gagne tout seul. Mais chez Phoenix1 les rôles sont clairs et les artisans de ces victoires sont, sans équivoque, Ryu et Arrow.
Ryu et Arrow, c'est un peu cette paire de dix en plein jeu de Texas Hold'em Poker sur laquelle vous aviez misé gros, et qui finalement rapporte encore plus que ce que vous espériez..
Phoenix1 vit par et pour ses deux atouts majeurs. Et cela se révèle particulièrement efficace contre des équipes de milieu de tableau. Les deux matchs de la 7e semaine ont à ce titre été très révélateurs de la stratégie « double menace » adoptée. Généralement secondés par des champions utilitaires comme Nautilus, Lulu, Zac ou encore Karma, les deux Coréens ont tout simplement illuminé les matchs de leur science du kill, affolant les statistiques.
Ces matchs nous auront également permis d’apprécier des grands classiques comme la virevoltante Ahri de Ryu ou le Draven d’Arrow. Des picks de cœur pour des joueurs qui assurent tant sur la lane qu’en teamfight, se permettant même des actions spectaculaires.
Sans doute l’un des « plays » de ce Split, Ryu qui ne laisse aucune chance à Doublelift dans un magnifique un contre deux. Lourlo ne peut que constater la disparition de sa Caitlyn.
Si Ryu peut se permettre cela, c’est avant tout grâce au travail de Meteos, qui est arrivé en remplacement d’Inori et coïncide avec le début des victoires en chaîne. De la prise de vision aux engagements, le général veille à la protection de ses coéquipiers en travaillant dans l’ombre. Ce trio est pratiquement tout le temps en mouvement et, pour peu que l’adversaire ne soit pas parfaitement rigoureux, trouve systématiquement une brèche dans laquelle se faufiler. Phoenix1 avance dès lors et étouffe petit à petit son adversaire en se regroupant autour de sa pièce maîtresse, Arrow.
Sans les mains ! Crédits : Riot Games.
Mécaniquement, Arrow est hors normes et n’a pratiquement aucun équivalent. Il a le meilleur Draven au monde et un positionnement presque irréprochable. Comme tout ADC en confiance, il joue Ezreal à profusion. Un pick pas trop all-in, efficace dès le deuxième item en poche et redoutable dans une stratégie de type 1-3-1 ou 4-1. L’ancien KT domine les statistiques avec un KDA de 5.8 (1er en LCS NA), il est le plus meurtrier parmi les ADC (157 victimes) et est celui qui meurt le moins par minute jouée (69 morts sur 1445 minutes jouées, soit une mort toutes les 21 minutes seulement*).
*Statistiques avant le match contre TSM.
Le podium... et après ?
Les joueurs sont certainement partagés à l'issue de cette semaine de compétition. Partagés entre une troisième place assurée d'une très belle manière, synonyme d'un match a priori facile en Playoffs, et les récentes performances contre les incontestables deux meilleures équipes régionales. Car si Phoenix1 s'est montré intraitable contre le milieu et bas de tableau, elle a aussi rencontré ses limites face à des adversaires qui ne font pas ou peu d'erreurs. Inhabituellement nerveux, Ryu et ses coéquipiers n'ont pas joué leur vrai jeu, se rabattant sur des picks comme Orianna ou Varus, et laissant la priorité sur des choix comme Rengar qu'Inori n'a pas su mettre en valeur.
Inori semblait un peu perdu dans la jungle durant son BO contre Svenskeren...
Contre TSM, le support Shady (qui remplaçait Stunt sans réelle justification de la part de l'équipe) s'est fendu d'un Brand très intéressant mais totalement incompatible avec la composition AD-centrique déployée par les joueurs.
Ces deux confrontations ont pu montrer que la marche à franchir est sacrément haute pour Phoenix1, qui doit impérativement fixer ses titulaires une fois pour toute.
Deux joueurs que le champion pool sépare plus que la pilosité, c'est dire. Crédits : Riot Games.
Le duo Inori/Meteos est extrêmement intéressant stratégiquement parlant. Alors qu'Inori ne trouve son bonheur que dans des picks ultra agressifs comme Rengar ou Lee Sin, Meteos privilégie des champions plus utilitaires. Deux joueurs pour deux styles de jeu antonymes qui peuvent se révéler redoutables en BO5. Cela dit, on a l'impression que ces changements sont effectués sans réel plan de jeu. On tente un combo Rengar-Orianna à l'ancienne mais en oubliant qu'en face c'est Bjergsen et Svenskeren, qui ont détruit leur vis-à-vis (respectivement avec Ahri et Graves).
La bonne nouvelle, c'est que Phoenix1 a désormais toutes les informations en main. Elle sait comment gagner ou perdre une partie facilement, et quelles sont les forces et faiblesses de chacun. Maintenant, il faut se concentrer sur les Playoffs avec une ambition de finale. Pour une équipe qui a, en août dernier, échappé de peu à la relégation, ce Split est en tout cas une très bonne nouvelle et ouvre encore de nombreuses possibilités d'amélioration.
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