La terre du milieu : l'ombre de la guerre
Le grand paradoxe de notre profession, amie lectrice, ami lecteur, c'est qu'il faut beaucoup de temps à un studio pour développer un jeu, souvent beaucoup de temps ensuite à un joueur investi pour en faire le tour, mais nous « testeurs » sommes généralement sommés de donner notre avis fissa et en une poignée de jours, au risque de ne pas accorder à l'objet du test la véritable attention qu'il mérite. Heureusement, avec des jeux comme L'Ombre du Mordor et sa suite qui nous intéresse aujourd'hui, L'Ombre de la Guerre, on n'a pas à tourner 107 ans autour de la bête pour savoir si elle sent le faisandé, et ça c'est bien.
Savoir faire
L'Ombre de la Guerre, comme l'épisode précédent, annonce donc la couleur dès les premières secondes : on incarne toujours Talion, le ranger dont le corps est sous-loué par le spectre de l'elfe responsable de la manufacture de tous les anneaux en circulation en Terre du Milieu (les modèles que tu peux commander sur internet ayant eux été fabriqués industriellement en Chine, attention à ne pas se laisser tromper), ce qui a pour résultat d'en faire un badass-warrior capable de grimper très vite au sommet de tout ce qui monte très haut.
Complètement calqués sur le canevas des jeux Assassin's Creed, l'Ombre du Mordor et sa suite proposent de déambuler dans diverses cités et autres camps issus de la geste Tolkieniène, en escaladant moult façades, en bondissant sur les murs, et surtout en découpant en rondelles muchos orcos ! Car oui, là est le véritable intérêt des Shadows : basher du mignon à Sauron !
Attention chérie, ça va trancher...
En plus c'est techniquement super propre et les concepteurs font montre d'un solide respect du lore à la sauce Peter Jackson (jusqu'au point où quand on entend parler Troy Baker, qui prête toujours sa voix à Talion, on a l'impression d'entendre Sean Bean ; du coup on craint vraiment pour sa peau). Difficile donc de mettre le jeu en faute pour tout ce qui touche à son décorum, sa bande-originale... bref, son excellente ambiance.
#balancetesorcs
Et même quand la AC touch se fait trop présente – i.e les tours à escalader pour révéler les points d'intérêt de la portion de map dans laquelle on se trouve – L'Ombre de la Guerre propose en permanence tellement de missions principales et annexes qu'il est difficile de s'y ennuyer, d'autant plus que c'est à chaque fois l'occasion de croiser le fer avec un paquet de suppôts du mal (tellement il y en a partout), et notamment leurs hauts gradés, les capitaines, qui font office de mini-boss.
Plutôt bien travaillés (ils bénéficient par exemple tous d'une petite cut-scene où ils laissent libre court à leur joie de vous expliquer comment ils comptent repeindre les murs avec vos boyaux), ces über-orcs sont à prendre avec leurs forces et leurs faiblesses, des données sur lesquelles on peut se rencarder en interrogeant un certain type d'ennemis. Mais comme il y en a pléthore, des petits patrons, il n'est pas rare d'en voir débouler un au coin d'une ruelle – toujours bien encadré de troufions – sur lequel on n'a pas grand chose, ce qui peut accessoirement se conclure par le brusque décès de Talion si on s'est mal préparé.
Mon double, le précieux, et moi
Ce qui ne signifie pas game-over pour autant. En cas de trépas malencontreux, Talion repartira simplement du checkpoint le plus proche du lieu de son infortune. Le capitaine qui l'a occis, lui par contre, gagnera au passage une petite promotion, du grade, et donc augmentera son level, ce qui le rendra plus balèze à la prochaine rencontre, à moins qu'un autre joueur, quelque part sur la planète et en vertu des possibilités offertes par internet, ne se voit proposer de vous venger en trucidant le maraud, auquel cas vous et celui qui vous aura rendu justice seront également récompensés. Et puisqu'on parle de multi, ajoutons à cela que le système qui permet de recruter des fidèles et de se constituer une armée fait son retour ici, et qu'il est même possible d'importer ses meilleurs éléments de L'Ombre du Mordor si on a la sauvegarde qui va bien. Et après vous être constitué un joli petit bataillon vous pourrez partir à l'assaut de la forteresse d'un autre joueur (ou défendre la vôtre, c'est selon), soit en mode casual (vous ne déplorerez aucune perte à l'issue du siège), soit en mode sérieux (mange tes morts !)
Rock solid !
Il est indéniable que dans son genre, et comme son grand frère, Shadow of War atteint pleinement son objectif : proposer au joueur une aventure épique et nerveuse grâce à une mythologie grandiose et un rythme qui ne retombe jamais, tant il y a des ennemis absolument partout et que la mécanique des combats permet de se livrer à des affrontements franchement jouissifs et joliment chorégraphiés pour gagner toujours plus de puissance. Le corollaire étant par contre que le côté répétitif des actions finit parfois par taper un peu sur le système, mais rien de grave tant qu'on peut se faire une petite infusion à la camomille pour décompresser un brin.
My other car is a dragon...
Il y a aussi bien entendu la question des coffres de loot que l'on peut acheter avec du vrai argent de la vraie vie, question qui fait couler pas mal d'encre depuis la sortie de Star Wars Battlefront II, qui met en avant un système similaire. Il ne s'agit nullement de donner ici un avis sur le sujet, car il y a matière à un débat qui excède le cadre de cette simple review, mais juste de rappeler – quel que soit son avis sur le principe – que dans le cas de Shadow of War (je ne me prononcerai pas sur le dernier EA, ne l'ayant point tâté) cela reste du facultatif et ne devrait pas entacher aux yeux du public l'excellent boulot effectué par l'équipe de développement du jeu pour que ce dernier se suffise à lui-même tel quel.
810Points positifs- Beau et soigné
- Nerveux et violent
- Pas le temps de jouer de la mandoline
- Énormément de missions, sous-missions, et tout plein de trucs sympas à débloquer
- Les pouvoirs combinés du couple Talion-Celebrimbor
- La longue durée de vie
- Les contrats online
- La bande-son épique
- Parfois redondant si on en abuse
- Prend quand même pas mal de libertés avec l'œuvre de J.R.R Tolkien, ce qui ne plaira pas aux puristes
- Un système de gestion de points d'XP qui gagnerait à être simplifié, car un poil lourd à gérer
Alors oui, Shadow of War, tout comme son grand frère, c'est du Assassin's Creed à la sauce Seigneur des Anneaux. Mais ça marche très bien grâce à une réalisation plus que soignée et, surtout, à une action omniprésente qui réussit à impliquer le joueur en permanence. Et même s'il prend quelques libertés avec la trame écrite par Tolkien, il remplit largement son contrat, à savoir proposer à celles et ceux à qui Peter Jackson a mis des étoiles plein les yeux de s'immerger à nouveau et pleinement dans une ambiance très proche de celle des flims (qui ne parlent pas de cyclimse, au grand dam de beaucoup).
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