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11 mars 2017 - Hatnuz League of Legends

IEM : le jour le plus long

L’incontournable rendez-vous annuel de Katowice, maintenant bien derrière nous, a toujours généré une certaine hype autour de son tournoi League of Legends, couronnement d’une année d’IEM. Pourtant, cette année, difficile de fermer les yeux sur le flop généralisé de cette 11e édition. Entre équipes européennes qui patinent, mauvaise organisation et (gros) soucis techniques, retour sur un long week-end de pluie pour l’Europe.

Les Européens étrangers à domicile

Trois équipes européennes au départ de ces phases finales des IEM, dont UOL, vainqueur à Oakland contre les Taïwanais de chez Flash Wolves, également présents ; H2K et G2 étaient aussi invités. Les phases de groupes se déroulent  avec un double sentiment vis-à-vis des équipes qui se retrouvent toutes en match décisif : duel fratricide entre G2 et UOL, tandis que Jankos et ses coéquipiers ont joué leur qualification contre la modeste équipe de Hong Kong Esports. On a certes fait bonne impression contre les Coréens, mais l’irrégularité de jeu et les nombreuses approximations minent le travail minutieux.

Illustration de la situation avec cette première game entre H2K et HKE où, après avoir outrageusement dominé les débats, Febiven, Odoamne et cie jettent cette dernière dans une incompréhension totale, devant leur public. Les deux parties suivantes seront beaucoup plus calmes, et amèneront presque trop facilement les Européens en demi-finale. De son côté, G2 avait également déçu dans un premier temps, mais se rattrape avec deux belles victoires contre Unicorns of Love.

Pas de surprises du côté des quatre qualifiés – le meilleur dernier carré possible –, on remerciera également l'équipe russe M19 qui sort du tournoi avec moins de victoires qu'UOL... Crédits : ESL.

Bon voilà tout ça c’était bien beau, deux équipes en demi-finale, ce n’est pas si mal non ?

Eh bien non. Parce qu’il y a un moment où le résultat n’est pas la seule chose qui compte. Quand on affronte deux équipes coréennes vraiment pas folles en ce moment (Tigers et Kongdoo) et deux wildcards, on est au minimum en droit d’attendre un peu de jeu. On veut vibrer, on veut pouvoir s’extasier devant une partie indécise et stressante, on veut une équipe qui se donne à fond et qui se transcende. Et pour être honnête, ces deux jours de compétition n’ont vraiment pas montré les Européens sous leur meilleur jour. Des compositions à base de Ryze ou d’Orianna, avec quelques Sivir et un Ivern si possible. On attend que la partie se déroule. Les quelques rares teamfights à se mettre sous la dent orientent une équipe vers une victoire, avec parfois un retournement de situation suite à une partie jetée.

À domicile, Jankos n'a pas forcément répondu aux attentes. Crédits : Riot Games.

Constat cynique, alarmant, mais surtout triste au sortir d’un tournoi qui aura eu du mal à nous faire vibrer, malgré quelques fulgurances comme la demi-finale entre Gamers2 et Rox Tigers.

On prend la pause

Arrive le dimanche, et donc les deux demi-finales : H2K contre Flash Wolves et Gamers2 contre Rox Tigers. L’heure de départ est fixée à 12h30. Une petite après-midi tranquille et sans embûche, n’est-ce pas ?

Après une dizaine de minutes, le PC du toplaner G2 ne supporte plus cette suite de joueurs toujours plus passifs les uns que les autres.

« Puisque c’est comme ça, j’afk », aurait-on entendu sur scène juste avant le crash du PC d’Expect.

Un ordinateur est – miraculeusement – trouvé et la partie peut recommencer après la bagatelle de 2h30 d’attente. Le BO en lui-même est assez sympathique, Zven et ses coéquipiers laissent trop d’avance à leurs adversaires et, malgré une belle résistance, concèdent le premier point. Mais le duo Perkz-Trick se réveille avec respectivement Ahri et Rengar pour égaliser.

Dans l’ultime manche, Zven parvient à amener sa Sivir en late game, commence et termine les teamfights pour permettre à G2 de l’emporter et d'attendre son adversaire en finale.

Grâce à quelques Sivir très bien senties, Zven a aidé son équipe du mieux qu'un ADC puisse le faire en 2017. Crédits : Riot Games.

Il est 19h. Jankos va enfin pouvoir entrer en jeu devant son public. La première manche semble une formalité pour le jungler polonais, mais H2K bute sur les contreforts du bastion Flash Wolves pendant… 63 minutes ! Trois quarts d’heure passés à faire des rotations, gratter la peinture d’une tour avec le Azir et reculer, jouer de vision, de poke et de dragons avant de finalement mener 1-0. L’équipe européenne sera même à un cheveu de rejoindre G2 en finale, en dominant également la deuxième partie. Mais en n’étant pas décisifs, H2K laisse planer le doute, tente maladroitement un Nashor et se fait punir. Ace, victoire et égalisation des Wolves. Le début de la manche décisive est pour Karsa et Maple qui, eux, déroulent beaucoup plus facilement vers la victoire.

L’Europe va aller de désillusion en désillusion. Alors que la finale s’engage aux alentours de 23h, ils sont beaucoup dans le public à avoir plié bagage.  La finale en elle-même  n’est pas très dynamique. L’équipe G2 perd rapidement pied dans l’early game des deux matchs et sont en cruelle recherche de révolte. Une révolte qui ne viendra jamais. La fatigue, une salle à moitié vide, nombreuses sont les circonstances atténuantes mais le résultat est là : c’est par un très sec 2-0 que Flash Wolves s’empare du trophée dans la mythique arène de Katowice, applaudis par tous les spectateurs… restants.

Scène affligeante aux environs d'1h du matin, les quelques rescapés se regroupent autour du la scène pour célébrer les Flash Wolves lors de leur victoire. Crédits : ESL.

Des choix en question

Pourquoi une organisation d’ordinaire si bien pensée a-t-elle à ce point fait défaut sur la scène LoL ? Une semaine plus tard, le tournoi StarCraft réunissait 16 joueurs de classe mondiale avec une hype autrement plus grande. Il faut dire que l’ESL compose toujours son parterre d’équipes de la manière suivante : les vainqueurs des tournois IEM mineurs (Oakland et Gyeonggi) sont rejoints par des formations hétéroclites qui ne font pas spécialement rêver.  Deux structures coréennes très faibles, deux équipes wildcards et aucun américain pour venir traditionnellement se frotter à l’Europe – dans ce qui est l’un des seuls rendez-vous internationaux avec un niveau si peu relevé.

Mais ce qui a surtout tant fait bondir les amateurs de ce rendez-vous unique que les spectateurs sur place, c’est le calendrier global de l’événement. Pour cela, comparons avec ce qui avait été fait l’année passée.

Le choix a probablement été fait afin d’étaler l’événement sur un plus grand nombre de jours (donc de faire entrer plus d’argent), mais au détriment du spectacle. Quel plaisir, il y a un an de cela, de vibrer tour à tour pour une finale de Counter-Strike (Fnatic s’était imposé sur le fil contre les Brésiliens de Luminosity Gaming lors d’une finale anthologique) ; un duel entre Polt et Snute (remporté par le Terran) ; et enfin une finale SKT T1 – Fnatic  (3-0 sans discussions) qui avait au moins eu le mérite de générer beaucoup de hype.

Les publics des différents jeux se retrouvaient le temps d’une journée pour célébrer, sans distinction aucune, l’amour de la compétition du jeu vidéo. 

Ces IEM Katowice ne rentreront certainement pas dans le livre d’or de l'histoire de l’ESL, dont la couverture laisse apparaître le titre suivant :

« Comment graver à jamais son nom dans l’histoire de Katowice, par Fnatic et Moscow 5 ».

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