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01 févr. 2017 - Mandark Divers

Gravity Rush 2 : La très soutenable légèreté de l'être

Véritable ambassadeur de la PS Vita à sa sortie, Gravity Rush (Gravity Daze au Japon) est à l'époque devenu immédiatement culte auprès des possesseurs de la portable de Sony. Hélas, trois fois hélas, si ceux-ci et l'ensemble de la critique spécialisée chantèrent viva voce ses louanges cela ne suffit pas à faire décoller les ventes de la portable chatouilleuse, et Gravity Rush ne dépassa pas le stade de chef-d’œuvre pour happy few.

Heureusement, dans l'écosystème des consoles hachedé d'aujourd'hui il est de bon ton de donner une deuxième vie à certains softs, ce que fit Sony l'année dernière en proposant aux possesseurs de PS4 de (re)découvrir Gravity Rush en version remasterisée. Un bienheureux second coup de projecteur qui s'accompagnait de l'annonce d'une suite, suscitant auprès de celles et ceux qui avaient succombé aux charmes de Kat – la Gravity Queen – une certaine impatience, pour ne pas dire une impatience certaine.

Et ça y est, Gravity Rush 2 est enfin là, et avec lui la question fatidique : alors, bien ou quoi ?

Round 2

Toujours orchestré de main de maître par Toyama Keiichiro, Gravity Rush ne change pas un iota de la base qui rendait le premier opus si exceptionnel et badass. On retrouve ainsi bien entendu et avec bonheur la capacité de « shifter » - c'est-à-dire plier la gravité à son bon vouloir pour chuter dans n'importe quelle direction -, et les grisantes sensations de liberté et de puissance que procure cette capacité hors-normes (même dans le fabuleux monde du jeu vidéo).

Sont toujours bien présents également la maniabilité au petits oignons, les affrontements épiques et survoltés, la direction artistique de dingue, la poésie « à la Ghibli », la sublime et inspirée bande-originale (toujours signée Tanaka Kohei), les personnages attachants et hauts en couleurs...

Kat & cat

En fait on pourrait enquiller une partie de Gravity Rush 2 directement au cul du premier volet et avoir l'impression d'avoir juste manqué un petit chapitre expliquant le pourquoi du comment de la présence de l’héroïne à Banga, un village de mineurs (ceux qui forent, pas ceux qui jouent à colaufe ou gétéha biiiiien avant l'âge) et la disparition de ses pouvoirs*.

Passé un début d'intrigue qui servira inévitablement de tuto pour le nouveau venu vierge de toute expérience gravitationnelle, et de piqûre de rappel pour les autres, les choses se précisent et commencent à prendre de l'ampleur.

Road to Jirga Para Lhao

Car si le début du jeu pourrait sembler un peu poussif pour celles et ceux qui se souviennent à quel point Gravity Rush démarrait sur les chapeaux de roues, c'est qu'en fait – outre servir de plus long tuto – il annonce les nouveaux enjeux de cette suite, notamment un développement des personnalités des principaux protagonistes plus ambitieux, et un nouveau terrain de jeu qui en met plein la vue !

Beaucoup plus fortement qu'Hekseville, théâtre des opération de Gravity Rush, la ville de Jirga Para Lhao est chatoyante, colorée, incroyablement détaillée et regorge d'une telle activité que l'impression de vie qui s'en dégage happe littéralement le joueur. Et si le jeu met un petit temps avant de nous y amener, c'est pour qu'on puisse bien réaliser, au moment où l'on commence à apercevoir le contour de ses premiers bâtiments à travers les nuages, que Gravity Rush 2 va en fait être beaucoup plus impressionnant que son grand frère.

Une subtile et douce transition qui fait soudain prendre conscience que le soft a été développé pour la PS4, et qu'on va en prendre encore plus plein la vue. Et effectivement, Gravity Rush 2, c'est vraiment Gravity Rush +, et un bel exemple de ce qu'une équipe de talent peut faire quand elle maîtrise vraiment son sujet.

Comme dans Gravity Rush, les cut-scenes prennent la forme de planches de B.D

Say cheese!

On pourrait se contenter de faire ici un inventaire façon liste de course et bêtement lister un à un les plus – et les moins, car il y en a inévitablement – de ce numéro deux, mais ce serait rater l'essentiel.

Certes, Gravity Rush 2 fait ardemment l'amour aux yeux et aux oreilles. Certes les ennemis y sont plus nombreux, et les patrons beaucoup plus balèzes (en taille et en termes de dangerosité). Certes, sa durée de vie a facilement doublé** depuis Gravity Rush, et on y trouve bien plus de quêtes annexes.

Côté nouveautés, car forcément il y en a, Kat dispose au bout d'un moment de deux nouvelles aptitudes liées à la gravité, Lunaire et Jupiter. En mode Lunaire elle est bien plus légère et rapide, et peut donc aller plus vite et sauter plus haut. À l'inverse, en mode Jupiter son corps devient plus dense, donc plus lourd, et ses attaques font bien plus de dégâts.

Il y a aussi maintenant des interactions online « totalement inutiles donc rigoureusement indispensables ». Du time-attack of course, pour se mesurer aux meilleurs joueurs et tenter de battre leurs scores sur certaines épreuves de vitesse, mais aussi – et ça c'est assez amusant – du tourisme et des chasses aux trésors, avec appareil-photo embarqué. Le but pour la chasse aux trésors c'est de suivre ou donner des directives à l'aide de photos pour obtenir...ben des trésors ! Alors soit on en a trouvé un et on prend un cliché du lieu où il se situe avant de l'uploader sur le PSN afin d'aider les autres joueurs à mettre la main dessus, soit on est soi-même un de ces derniers et on se mettra en quête de l'emplacement. Et pour que ce soit plus motivant, il y a un temps limité pour découvrir les spots. Quant au tourisme il s'agit simplement de flâner et de faire clic-clac-kodak quand il y a matière à faire une belle capture de décor, avec ou sans vous dans la photo (et on appréciera au passage que les développeurs nous aient épargné le sempiternel selfie en cas de portraits ; ici l'appareil est posé sur un classique trépied, ce qui permet des prises de vues bien plus variées). Après cela il suffira de soumettre ses photos à la communauté, et si elles plaisent, elles rapporteront des points qui aideront à débloquer des récompenses.

Droite dans ses bottes !

Et pour parler de ce qui coince force est d'admettre que ce sera surtout laissé à la discrétion des joueurs. Certaines ou certains pourraient par exemple reprocher à cette suite de n'être qu'une sorte de version 1.5 de Gravity Rush, ou ne pas forcément trouver grand intérêt aux nouveaux pouvoirs de Kat (oui, fondamentalement on peut très bien s'en passer pour finir le jeu). Le seul petit bémol qui mettra tout le monde d'accord est une caméra parfois fofolle quand on est la tête en bas, qu'il y a gros temps tout autour et qu'il faut réagir vite ; on ne sait parfois plus du tout où on est ! Il est tout de même à noter que ce souci peut être atténué si on baisse – voire désactive – la fonction gyroscopique du pad, et qu'on se repose juste sur le contrôle de la caméra via le stick droit (but where's the fun in that!!?).

I feel good (i knew that i would)!

Mais comme je le disais plus haut, ce n'est pas vraiment la bonne manière de présenter Gravity Rush 2, car ce serait passer à côté de l'essentiel, et l'essentiel ici est qu'il souffle sur le jeu un bienvenu vent de poésie et de fraicheur, qu'on ne trouve plus des masses ces derniers temps dans nombre de blockbusters qui se doivent de faire grave, et qu'on y éprouve constamment une sensation basique d'émerveillement et d'amusement. Tout, dans Gravity Rush 2 comme dans Gravity Rush, dit au joueur « tiens, c'est tout pour toi, alors amuse-toi », avec simplicité, bonne humeur et sans jamais prendre le melon. Une merveille de trip réalisée sérieusement mais qui ne se prend jamais au sérieux en somme, et l'enfant qui est en nous de taper des mains, émerveillé comme le jour de noël au pied du sapin !

 

*Un animé qui fait le lien entre les deux jeux est disponible ici

**Pour se faire pardonner du report d'un gros mois de la sortie initiale de Gravity Rush 2, originellement prévue pour décembre 2016, Sony offrira bientôt et gratuitement à tous les possesseurs du jeu un gros DLC mettant en scène Raven – l'autre gravity queen. Bande de coquins !

Everyone wants to be a Kat! 910Points positifs
  • Gravity Rush est de retour !
  • Le Shift
  • La D.A de dingue
  • La tonitruante bande-originale
  • Les combats épiques
  • La bonne humeur
  • La générosité
  • Le (gros) DLC gratuit qui approche
  • Le héros, c'est toujours le chat !
Points négatifs
  • La caméra brouillonne parfois, quand on a la tête en bas

Gravity Rush est de retour, en plus grand, plus bô, plus long.

'nuff said!

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