FF IX/FF XII : Make fantasy great again! (ou pas...)
Amie lectrice, ami lecteur, les portages, c'est bien ! Si si. Bien sûr, les grandes gueules promptes à se plaindre répéteront à l'envi que l'industrie du jeu vidéo elle fait rien qu'à vouloir nous repiquer encore une fois notre flouze, à nous qui avons payé pour les mêmes titres il y a bien des années déjà, seulement voilà : c'est avant tout une industrie, qui par conséquent ne vit pas d'amour et d'eau fraîche et a besoin de financements pour continuer à faire des jeux (que beaucoup auront la joie de conspuer une bonne année avant que la moindre version jouable ne soit dispo, soit dit en passant). Et surtout c'est souvent là l'occasion, pour celles et ceux qui n'avaient pas pu y jouer à l'époque, de découvrir de véritables monuments.
Et parfois même de les découvrir dans un écrin qui finalement leur sied bien mieux que le carton d'emballage d'origine. Ico, Shadow of the Colossus, Okami, Odin Sphere, The Legend of Zelda : Wind Waker...quelques titres parmi beaucoup d'autres qui en plus de jouer le match retour une, voire deux générations plus tard, ont au passage bénéficié d'un salutaire lifting.
Phénoménale fantaisie
Dire que j'attendais avec impatience Final Fantasy XII : The Zodiac Age est un doux euphémisme. J'ai pratiquement compté les jours entre la première annonce de sa release et le moment où celle-ci a effectivement eu lieu, bikôze que c'est mon all time favorite épisode et que sur PS2 je l'avais déjà retourné dans tous les sens (dont deux fois en Jap, believe you me !). Aussi j'étais plus que curieux de voir si la magie allait opérer à nouveau, 10 ans après.
Et oui, bordel (© notre Président), oui !!! Non seulement cet opus reste l'un des plus prenants, intelligents, matures et techniquement ébouriffants de la saga canonique, mais le soin apporté par Square-Enix à sa remise en forme ne lasse pas de laisser admiratif ! Car il faut bien comprendre que depuis que les téléviseurs ne sont plus de grosses boites cathodiques à branchements péritel mais des dalles hachedé connectées par HDMI, le Final Fantasy XII PS2 fait assez très mal aux yeux. À l'époque il poussait certes la bécane dans ses derniers retranchements, mais sur les écrans actuels c'est hélas devenu une peu ragoûtante bouillie de pixels qui n'incite plus autant à l'exploration des heures durant.
Mais maintenant, quel prestige ! C'est bien simple, tout claque dans ce Zodiac Age. Les couleurs sont pétantes, les persos subtilement retravaillés et parfaitement intégrés dans des décors qui rendent méchamment bien justice aux notions d'exotisme et de souffle de grande aventure que se doit de dégager tout bon RPG qui se respecte, une bande-son déjà dantesque à l'origine que l'ont peut aussi remplacer par sa version « remasterisée », la version japonaise en plus de l'anglaise, petit bonus plus qu'appréciable pour le fan de jeux parlés dans la langue de Mishima... et toujours cette durée de vie de ouf si on décide d'explorer chaque recoin du jeu.
Les cinématiques, déjà démentes à l'époque, sont toujours aussi impressionnantes plus de 10 ans après
Sans oublier son système de combat, précurseur de celui des volets online, aux subtilités insoupçonnées tant qu'on ne maîtrise pas le système des Gambits, qui permet de gérer l'intelligence artificielle de chacun des membre de la party, ici agrémenté par le fameux Zodiac Job System auquel le sous-titre du jeu fait référence. Il s'agit en fait de la version revue et amélioré du système de permis à licences qu'il faut débloquer au fur et à mesure du jeu et selon les points que l'on aura débloqués en combat, et donc les capacités proposées selon les permis sont en corrélation directe avec le choix d'une classe spécifique à attribuer à chaque team member. Et rapport au zodiaque oblige, il y a 12 classes aux choix (mage blanc, noir rouge ou du temps, tank, lancier, etc.) que l'on pourra ensuite compléter par des jobs.
Et l'immense nombre de combinaisons offertes ne sera pas de trop pour stratégiser au mieux certains affrontements particulièrement velus contre des patrons particulièrement costauds et/ou vicieux, dont beaucoup de cachés qui font passer ceux de la trame principale pour de bêtes crash test dummies.
On mesurera aussi au passage – pour celles et ceux qui ont tâté ou tâtent encore de Final Fantasy XIV – à quel point l'actuel Final Fantasy phare de Square-Enix doit tellement à Final Fantasy XII, son système de jeu, ses combats, son ambiance globale.
Bref, un jeu qui n'a pas pris une ride, ni au niveau des mécaniques ni à celui de l'immersion, maintenant magnifié par une haute-résolution qui met des étoiles dans les yeux, des graphismes rien moins que splendides et un frame-rate qui ne bouge jamais.
Un travail de restauration salutaire, et un système de combat en avance sur son temps !
Mais aussi, et surtout, un opus incompréhensiblement mal-aimé et injustement déprécié à sa sortie, peut-être un peu en avance sur son temps, avec son scénario résolument plus dur et ses héros bien plus humains que dans les épisodes VII, VIII et X, qui eux jouaient plus sur la carte des émois de jeunes ténébreux coiffés kaskapointe. Le – faux – protagoniste principal de Final Fantasy XII, Vaan, ne s'est hélas jamais relevé de la comparaison, ce qui est d'autant plus con que c'est un personnage humainement bien plus complexe que ne peut le laisser croire son design, finalement proche dans l'esprit de celui d'un Cloud Strife ou d'un Squall Leonheart.
Ce récent portage qui met donc le paquet sur le polish et la peau de chamoix peut donc sans soucis décrocher le titre de version ultime de Final Fantasy XII, et est à re-découvrir d'urgence pour tout bon amateur de RPG (tendance J), ainsi que pour tout amateur de Final Fantasy qui ne lui aurait pas donné sa chance à l'époque, et qui depuis a grandi.
Fatale fantaisie
The perfect job en somme, que vient hélas ternir le encore plus récent portage de Final Fantasy IX, qui lui, comment dire... Ben pique carrément les yeux !
Au début on ne comprend pas très bien. Pas le volet le plus populaire de la série, en cela surtout qu'il avait été totalement pensé pour les Final Fantasy fans de la première heure, dont un bon nombre criait sa désapprobation de l'orientation « plus d'jeun'z » prise par les épisodes VII et VIII depuis l'arrivée de Nomura Tetsuya et Kitase Yoshinori aux commandes.
C'est donc l'emblématique Triforce Sakaguchi/Amano/Nomura (ce dernier étant le seul à avoir conservé un rôle majeur sur Final Fantasy VII et VIII) qui prend les rênes de Final Fantasy IX et nous narre une histoire qui fleure bon l'heroic-fantasy, avec des bateaux volants, des mages noirs, des castels et une longue quête à travers un continent aussi immense que riche en promesses d'aventures.
Le résultat est – à mon humble avis – un J-RPG qui tape dans le haut du panier, mais hélas un Final Fantasy un peu décevant, en cela qu'il essaye justement un peu trop de montrer qu'il est bien un vrai Final Fantasy, pour eux les puristes avant tout, tout en essayant au passage de convaincre celles et ceux qui ont découvert la saga sur Playstation (n'oublie pas, amie lectrice, ami lecteur, que la licence Final Fantasy était inconnue dans une grande partie du monde avant 1997).
Pour ce qui est des cinématiques, ça passe encore...
Il en résulte un beau – et toujours – bon jeu, mais au gameplay parfois bancal (comme par exemple pour son système de Limite à la Final Fantasy VII, qui ne sert jamais vraiment tellement il est généralement dispo au moment où il n'y plus d'adversaires à basher), voire par moments complètement incompréhensible, tel ce choix fait de ne proposer en tout et pour tout que deux personnages capables d'invoquer des créatures, dont l'un apparaît assez tard dans le jeu et l'autre... est aphone pendant une large partie de l'aventure !
Même s'il est plutôt solide, le casting n'a hélas pas la vista de ce à quoi Squaresoft nous avait habitués (on remarquera d'ailleurs le peu d'inspiration cosplay autour du jeu), et donne même un peu une mauvaise impression de rabâché avec son bad guy, très Sephiroth en culottes courtes. Ah, et tant qu'on y est, petite précision au passage : si le personnage principal se nomme Zidane, c'est parce que c'est un gitan, ou « djidane » tel qu'on le prononce au Japon, et n'est en rien en lien avec notre ex-gloire nationale du ballon rond.
Comme en plus Final Fantasy IX s'est retrouvé sur les étals en même temps que des cadors comme Chrono Cross, Valkyrie Profile, Skies of Arcadia ou The Legend of Zelda : Majora's Mask – des titres qui en plus d'être impeccablement réalisés apportaient un vrai sang neuf dans le monde du J-RPG –, il a forcément souffert de la comparaison avec le reste de la compétition.
Final Fantasy IX reste malgré tout un très bon épisode, réalisé par un studio au savoir-faire indéniable ; pas un des plus marquants, certes, mais pour ceux qui aiment la série et ne l'ont jamais joué il reste une valeur sûre.
...mais une fois en jeu, l'arrière-plan est juste une bouillie permanente !
Le hic c'est que pour y jouer aujourd'hui, si l'on ne possède pas de Playstation 1, il ne reste que les options PC et Playstation 4 et là... comment dire... ouille, ouille, ouille !
« Carrément vilain » ! C'est la première pensée à avoir traversé la masse spongieuse logée entre mes deux oreilles (juste sous les cheveux) à la vue du portage. Et c'est d'autant plus pénible qu'il est issu d'un studio que d'aucuns décrient pour diverses raisons, mais certainement jamais celle de la réalisation technique piteuse.
Là... ben c'est juste moche. Les décors (superbes à l'origine) donnent l'impression d'avoir été délavés à la javel et subissent un effet de loupe qui donne à l'ensemble un rendu flou et archi-pixellisé. Pire encore, les personnages ont eux par contre subi un lifting en hachedé et du coup leur implémentation dans cette mélasse ne cesse de déranger, tant le décalage de netteté avec l'arrière-plan est profond.
Difficile donc de vouloir enquiller les heures de jeu avec un tel niveau de déséquilibre visuel, sans compter que rien n'a été fait pour passer ce portage de Final Fantasy IX en mode plein-écran. Au lieu de ça, il faut se farder deux bordures bien laides et bien grises dont la seule vue donne constamment le sentiment qu'on t'a vraiment enflé avec une version au rabais du jeu, ce qui ne serait pas si grave si celle-ci coûtait cinq euros ; mais comme hélas elle en fait presque 20, soit quasi la moitié du prix de Final Fantasy XII : The Zodiac Age, autant injecter tous ses fonds dans l'acquisition de ce dernier, faire comme si le portage de Final Fantasy IX n'avait jamais existé, et garder intact tout le respect que l'on porte à un éditeur qui d'ordinaire ne commet jamais ce genre de faux pas.
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