Dessine-moi une méta.
Le retour simultané de toutes les compétitions régionales nous a rappelé à quel point il est bon d’avoir du contenu de jeu toutes les semaines, du mercredi au dimanche. Et les changements apportés dans les derniers patchs par Papa Riot subliment ce doux parfum de LCS en amenant une méta décriée par certains, applaudie par d’autres, mais assurément inédite.
Sale temps pour l’ADC
Certains champions ont été ressorti du placard, c’est le cas entre autres de la famille Maokai-Shen pour la toplane, ou Kha’zix dans la jungle. Des picks qui rafraichissent un peu la méta actuelle, mais qui sont surtout orientés vers un seul et unique but : annihiler l’ADC ennemi. Car oui, pour les deux du fond qui n’avaient pas pigé, la métagame est largement dans une optique d’agressivité sur le tireur adverse. Que ce soit par la voie d’assassins ou par celle de bruisers, on trouve toujours quelque chose à jouer d’emmerdant pour la pauvre Caitlyn en face. Explorons un petit peu ces deux aspects.
Il rôde il rôde, l’assassin.
C’est sans doute le côté le plus sympathique de la situation actuelle du jeu. Les assassins, longtemps boudés par les joueurs et jugés trop all-in, reviennent au premier plan. On a déjà mentionné Kha’zix, mais sa Némésis Rengar fait également très peur (tellement peur qu’il se prend un bon gros 87% de ban). Nocturne vient compléter cette trinité agressive de la jungle.
La midlane n’est pas non plus épargnée par le retour des champions à dégâts aux dépens des champions de contrôle. C’est ainsi que Katarina que l’on avait plus eu le plaisir de voir depuis longtemps refait surface sur une lane toujours outrageusement dominée par Ryze (91% de présence en moyenne), à l’instar de Camille sur la toplane.
Les quelques apparitions de Camille dans la faille ont souvent été fatales pour son vis-à-vis, la Fiora de Cabochard s’en souvient encore. LCS EU W1D2 - Lolesport
Ces insubmersibles bruisers.
« Les bruisers regroupent tous ces tanks qui ne parviennent pas à s’enlever deux barres de points de vie sur douze secondes de trade au top, mais qui comme par magie arrache des têtes sur l’ADC »
Une définition cruelle, mais assez véridique de la situation actuelle sur la toplane. Omniprésente toute la saison passée, Fiora se fait plus discrète et on préfère se diriger vers des sacs à point de vie dont le but est d’être un calvaire à tuer. On soulignera dans ce domaine la versatilité des tanks présents, que l’on peut imputer en partie au passage à cinq bans par équipe dont on parlera plus bas. Trundle, Nautilus, Maokai, Shen, chaque choix permet de répondre à un besoin spécifique. A côté de ceux-ci, et dans un style hybride, on trouve Rumble et Jayce. Côté jungle, c’est Ivern qui s’est rapidement imposé comme choix efficace et utilitaire, parfois remplacé par Zac.
Il est vraiment étrange qu’à côté de picks aussi agressifs en jungle, on trouve un champion encore plus défensif que Nunu (non mais regardez-moi ce build !). LCS EU W2D3 - Lolesport
Beaucoup de champions différents, beaucoup de façons de mener à bien une stratégie qui elle n’a pas beaucoup changée, on voit en effet assez peu de composition axée uniquement sur le poke ou autour de l’ADC.
Une botlane reconfigurée
Suite à la drastique réduction de l’espérance de vie d’un AD carry moyen, des changements ont été opérés à la botlane. La diminution du nombre de champions viables est sans doute la conséquence la plus évidente. Exit Kalista, Lucian et Sivir, on privilégie désormais des choix beaucoup plus utilitaires. Les tireurs qui proposent un ou plusieurs sorts de contrôle sont largement préférés, mais ils ne sont pas nombreux à avoir cela en magasin. Déjà prisée auparavant, Ashe devient reine avec sa Flèche de Crystal enchantée et prend comme roi un autre archer : Varus. Jhin reste également un pick de confort, de même que l'intemporelle Caitlyn.
Les supports ont eux aussi vus des nouveaux champions arriver, et parmi ces nouveaux venus, sans doute la révélation de ce début de split : Malzahar.
Les ravages d’un Malzahar support… LCS NA W2D1 - Lolesports
Le maître du néant surclasse Karma, Miss Fortune, Zyra ou Thresh dans la plupart des domaines : contrôle de lane, agression spontanée, contrôle des assassins adverses ou même défense personnelle. Ici et là on croise encore quelques Tahm Kench, Bard ou Nautilus, lorsque les premiers choix ne sont plus disponibles.
La passe des dix bans
On le voit donc, beaucoup de changements sur chaque lane avec en filigrane ce changement important et depuis longtemps souhaité par les joueurs et les coachs : les cinq bans par équipe.
Les raisons de ce souhait étaient simples, il y a trop souvent des champions tout simplement trop forts qui doivent être retirés de la phase de draft pour des raisons autres que stratégiques.
On se souvient du fameux cas Mordekaiser en 2015, une machine infernale qu’il a fallu enlever de chaque partie sous peine de voir le champion les déséquilibrer complètement. Worlds 2015 – O'Gaming
Résultat : peu de place pour de réelles manœuvres tactiques. On cherche le plus souvent à ne pas se faire surprendre par l’autre équipe plutôt que d’oser des choses. La différence maintenant est que, même si certains champions sont toujours tout le temps ban (coucou Camille et Rengar), la place est laissée à des stratégies plus ciblées.
Le séquencement des différentes phases (ban/ban ; pick/pick ; ban/ban ; pick/pick) diminue le risque de perdre la partie sur un champion oublié, mais laisse la porte ouverte pour des cheese. Il y a là un bon équilibrage pour que tout le monde y trouve son compte. On observe d’ailleurs que dans la première période de ban/pick, on reste dans le classique, alors que la seconde période est souvent l’occasion d’un Kassadin, d’une Cassiopeia ou d’un Azir par exemple.
Contrairement aux doutes de quelques-uns, l’augmentation du nombre de bans ne fige pas la méta, elle la remue perpétuellement, forçant les coachs à anticiper les nombreuses situations qui pourraient arriver (on pourrait par exemple imaginer retirer l'entièreté des ADC classiques d'une phase de ban avant de sortir un champion inattendu comme Kennen).
Le Kha’zi… euh le cas Ziggs
Dans cette analyse de méta, il est un champion qui n’a pas encore été cité dans cet article, un yordle exécrable, fanatique des explosifs et extrêmement prisé à la…..botlane !
Ziggs en plein plongeon dans la méta. League of Legends
Eh oui ! C’est à toi que je parle, Ziggs ! Toi qui es entré dans la méta avec une efficacité aussi inattendue qu’implacable. Pourquoi s’est-on retrouvé tout d’un coup avec un midlaner en poste d’AD carry ? La réponse est simple et se trouve une fois de plus dans les patchs précédents, et, notamment dans les nouvelles priorités définies par Riot. Un énorme bonus de gold pour l’équipe qui abat la première tour, et un avantage certain pour la duo lane qui va push le plus rapidement possible son adversaire. Ziggs excelle dans ces deux domaines (si vous souhaitez voir le pourquoi du comment en détail sur le yordle, je vous renvoie à cette vidéo explicative claire et concise de Caelan). Et la raison de sa présence au bot plutôt qu'au mid vient simplement du fait que Ziggs remplace le poste « le moins influent » de la Faille. On peut sans doute s'attendre à une réaction de la part des développeurs face à cette situation qui a au moins le mérite d'être inédite et sympathique (bon si dans six mois on se retrouve avec Ziggs, Lux et Veigar bot, cette phrase sera discrètement retirée).
La méta actuelle a atteint des points que personne ne pouvait prédire. La volonté d'optimisation tous azimut des coachs amène des champions inattendus sur le champ de bataille, les stratégies les plus farfelues font surface pour le meilleur et pour le pire. Si on avait demandé il y a un an à une main innocente de dessiner une méta, elle n'aurait probablement pas pensé à cela. Imprévisibilité, adaptabilité et surtout compétitivité, ce sont les mots qui régissent les lois infernales de la Faille de l'Invocateur.
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