Cloud9 : la bonne pioche
Bon élève de ce début de saison et l'une des rares grosses équipes occidentales à avoir tenu son rang dans ces premières semaines de compétition, Cloud9 ne faisait pourtant pas figure de grande favorite aux côtés des énormes recrutements d’autres écuries en LCS NA. Pourtant, il faut se rendre à l'évidence : l’équipe propose un jeu maîtrisé et prometteur autour d’anciens joueurs, mais aussi par l’intermédiaire d’un rookie sensationnel.
Transition réussie
En se séparant d'Impact (parti chez Team Liquid) et de Contractz (parti chez Golden Guardians), Cloud9 perdait une grande partie de ce qui avait fait sa force en 2017. Jensen, Sneaky et Smoothie restaient sur une bonne prestation aux mondiaux, mais cherchent toujours à renouer avec le succès régional qui échappe à C9 depuis tant d'années.
L'espoir de faire vaciller le géant TSM est bel et bien présent ce début de saison quand on voit les grosses prestations enchaînées par l'équipe. Grâce aux arrivées de Svenskeren et Licorice, le coach Reapered peut compter sur un effectif diversifié, solide et extrêmement efficace.
Principale inconnue de début de saison, le jungler Svenskeren a fait mieux que s'acclimater au style de jeu de sa nouvelle équipe, il y a apporté une grosse présence en début de partie.
Crédits : Riot Games
Cinq victoires et une seule défaite contre Echo Fox, des statistiques positives dans tous les compartiments de jeu (1300 gold et une tour d'avance en moyenne à quinze minutes de jeu, 2.3 dragons et quasiment deux Nashors par partie) et une durée moyenne de partie de quarante minutes, la formation n'a pas grand chose à se reprocher pour le moment et se place largement dans le trio de tête nord-américain.
Une équipe soudée
Si Cloud9 propose un jeu aussi juste, c'est surtout par son approche de l'early game. Un secteur de jeu qui a parfois fait défaut à l'équipe, mais abordé de manière beaucoup plus intelligente depuis janvier. Les petites erreurs que l'on observait chez Sneaky ont été gommées et remplacées par un jeu plus solide, sans coups d'éclat, mais qui permet d'atteindre sereinement la fin de partie où l'ADC mythique a souvent eu l'habitude de briller. Dans le même ordre d'idée, le jeu de Jensen est resté aussi bon que l'année passée, d'autant plus qu'il bénéficie d'un excellent appui venant de la jungle où Svenskeren règne en maître. Ce dernier apporte, par ses incessantes agressions, une large visibilité sur l'équipe adverse. Une vision de jeu qui peut alors être exploitée à son plein potentiel par les sololaners C9.
Regroupée autour de coach Reapered, la formation regarde religieusement le match en cours.
Crédits : Riot Games
La cohésion de l'équipe passe aussi par une communication efficace entre les joueurs. Le rôle de Smoothie notamment est déterminant dans les prises de décision (son Alistar avec des bottes de mobilité et une Gloire du Juste lui permettant de porter le premier engagement).
On a donc pour l'instant un quatuor très puissant, avec des joueurs expérimentés, habitués au shotcall et mécaniquement doués. Et pourtant, la plus grande menace de l'équipe, celle qui fait peur à toute la toplane des LCS NA, n'a pas encore été abordée.
Licorice : la fougue et l'excellence
Jeune joueur canadien en provenance d'eUnited en Challenger Series NA, Licorice s'est très vite fait un nom dans les premiers duels qui l'ont opposé aux autres toplaners. Il a gagné tout seul la partie avec un Kled magistral contre Golden Guardians, puis a martyrisé Huni avec un Jayce (avant de plier contre le rouleau compresseur Fenix), battu Ssumday avec Camille et a même proposé un jeu extrêmement prudent et passif lorsqu'il a fallu temporiser un début de partie.
Alors que son équipe est en difficulté, Licorice trouve l'engage parfaite, charge le Varus ennemi et retourne la bataille à lui tout seul.
Crédits : Lolesports
Expert de la scène nord-américaine chez O'gaming, Ailye salue évidemment la performance et la maturité de Licorice, mais tempère tout de même l'euphorie autour d'un joueur que "l'on a pour l'instant uniquement vu sur des personnages de type carry", avant de continuer :
"On ne sait pas ce qu'il peut donner sur des gros tanks, sur des AP top, peut-être n'a-t-il pas encore dévoilé son point faible... Ou son point fort... Nous ne voyons peut-être que la partie émergée de l'iceberg."
Ailye prend également soin de remettre les performances actuelles du toplaner canadien dans un contexte extrêmement favorable d'une équipe "au top stratégiquement, qui gère ses parties avec intelligence et sait fonctionner en 1-3-1".
Enfin, le caster entrevoit un gros test-match pour Licorice dans son duel contre Impact et Team Liquid : "Licorice a la fougue de la jeunesse et sa capacité à surprendre le rend très dangereux". Ce sera assurément une partie à suivre et peut-être un moment-clé de l'éclosion d'un joueur qu'Ailye voit comme Rookie du split potentiel.
Le "mini-Khan" canadien, nommé ainsi pour ses performances sur les champions les plus offensifs, se plait pour l'instant très bien dans ce style qui le place au centre des enjeux de la partie.
Crédits : Gamesoflegends
Licorice est l'attraction de ce début de saison chez C9. Il fait couler énormément d'encre en tant qu'espoir nord-américain, alors que la part de joueurs importés ne cesse d'augmenter dans la compétition (ce qui laisse donc moins de chance aux talents locaux de se faire une place dans l'élite).
Le pied de nez aux gros sous
Alors que l'on approche de la moitié du split, on peut déjà s'avancer à dire que Cloud9 a réussi à se remettre dans le bain et à intégrer ses deux nouvelles recrues. Un duo que l'on peut déjà qualifier les yeux fermés, d'un des plus agressifs du continent avec la paire Huni-Dardoch.
Autre équipe en forme, autre toplaner fougueux et autre jungler inarrêtable du moment : je nomme respectivement Echo Fox, Huni et le bon Dardoch.
Crédits : Riot Games
Une chose est sûre, les prochains matchs de Licorice et compagnie seront particulièrement suivis au sein d’une ligue qui attire de plus en plus d’yeux vers elle. Alors que se multiplient les structures directement importées de la NBA (ou détenues par les mêmes têtes, #RickFox), bénéficiant non seulement d’une fan-base gigantesque, mais également de moyens quasi illimités, les formations e-sportives dites « classiques » se doivent de garder leur rang face à elles. Ce qui est le cas de C9 (au contraire de CLG et TSM), ayant l'intelligence de garder et faire jouer des locaux, là où d’autres équipes se seraient plus rapidement séparées d’un Sneaky par exemple. La relation de confiance et l’ambiance saine perçue entre les joueurs et le staff se répercutent dans la sérénité en jeu, c’est une certitude.
Avec l’art et la manière, Cloud9 entrevoit un brillant avenir à courts et moyens termes, espérant glaner un top deux en fin de split afin d’obtenir le précieux avantage d’attendre son adversaire en demi-finale des playoffs. Mais la route est encore longue et la régularité sera un facteur essentiel dans la réussite ou non de cette équipe qui accapare, pour l’instant avec Echo Fox, toute l’attention portée sur ce Spring Split hors du commun en LCS NA.
Un rendez-vous à ne surtout pas rater : c'est le C9 - Team Liquid, Samedi à minuit pile sur O'Gaming.tv !
Poster un commentaire