Journal de bord : SKT vs RNG
Ce samedi à Shanghai, SK Telecom T1 affrontait l’équipe favorite locale, Royal Never Give Up, lors d’une demi-finale des Worlds. Extraits de mon journal de bord, pèlerinage e-sportif dans l’empire du Milieu.
« Jia you RNG ! »
Quatorze heures trente. Trente minutes avant la rencontre, la salle se remplit petit à petit. Quelques occidentaux, mais surtout une majorité de locaux, s’installent au sein du Shanghai Oriental Sports Center. Ce dernier sera rapidement plein à craquer malgré le « scalping » massif. Ici, le décor honore les joueurs qui ont marqué les Worlds au fil du temps. Le cadre est posé et les spectateurs sont prêts pour ce moment historique. C’est le retour au sommet d’une équipe chinoise.
L’éclairage de la salle sépare symboliquement celle-ci en deux. D’un côté, le rouge flamboyant des triples champions du monde SK Telecom T1; de l’autre, le doré de leurs adversaires du jour, Royal Never Give Up. Dans les gradins en revanche, la marée noire et or qui prend possession des lieux ne laisse aucun doute. Tatouages temporaires, vestes et sacs de goodies variés rappellent sans cesse trois lettres qui sont aussi dans tous les cœurs : RNG.
Dans la foule, les fans de Royal Never Give Up sont omniprésents.
Crédits : Riot Games
Quinze heures. L’événement peut commencer. Les présentateurs annoncent les équipes du jour. L’arrivée des tenants du titre, ayant revêtu leur nouvelle tenue, décroche de nombreux applaudissements, en particulier pour le prodige de la voie du milieu : Faker. Mais ce n’est rien face au rugissement de la foule qui s’en suit lors de l’arrivée de l’équipe chinoise et de la superstar du jour, Jian « Uzi » Zi-Hao. La vedette de la journée, l’espoir de la patrie chinoise, le nom sur toutes les lèvres, c’est lui. Uzi.
Durant la première partie, l'effet « à domicile » a parfaitement opéré. La foule est entrée en délire dès le premier sang de Liu « mlxg » Shi Yu. Elle n’a alors cessé de renchérir à chaque faux pas des Coréens jusqu’à atteindre un paroxysme lorsque RNG a détruit le nexus ennemi. Plein d’enthousiasme malgré une deuxième partie perdue, le public redoublera de ferveur lors d’une troisième expédiée en 23 minutes par RNG et un Uzi impossible à arrêter sur son pick signature, Vayne.
Uzi peut être content d’avoir terminé sa troisième partie avec un KDA de 6/0/3.
Crédits : Riot Games
Et soudain, le silence
Jusque là, tout se déroulait plus ou moins comme prévu. Royal Never Give Up avait réussi à mettre SK Telecom T1 dans un désavantage de 2-1. La victoire, et la chute des champions en titre, était à portée de main. Le moment d’écrire l’Histoire était arrivé. N’ayant pas trouvé de succès avec Kang « Blank » Sun-gu, SKT a décidé de faire entrer le controversé Han « Peanut » Wang-ho pour cette partie décisive, dont la brève apparition sur scène n’a été accueillie que par quelques timides cris de fans chinoises.
Avant le début du match, une spectatrice portant un serre-tête « Peanut » était venue me demander quelle équipe je supportais, avant de m’offrir une bannière « SKT Fighting ». Accompagnée d’une amie, elles semblaient être les deux seules supportrices de SKT au milieu d’une horde de fans de RNG. Elles qui semblaient pâlir au fur et à mesure de l’avancée du match, semblaient ravies d’avoir l’opportunité de voir leur joueur favori sur scène. À l’arrivée de ce dernier, pour elles comme pour tous, la pression était palpable.
À ce moment crucial du match, Kim « kkOma » Jung-gyun choisit de faire confiance à Peanut.
Crédits : Riot Games
Pour la quatrième partie, les Coréens ont opté pour une composition à fort scaling et ont ainsi montré ce qui a fait d’eux la meilleure équipe du monde : une prise de décision excellente dans les moments décisifs et une réelle science du teamfight. Très vite dans la partie, la clameur s’est arrêtée. Abasourdis par une telle démonstration de force, les fans de la LPL ont assisté bouches bées à une performance de SKT ramenant le match à égalité. Ainsi, si Uzi et ses compatriotes avaient décidé de marquer l’Histoire, c’était à présent leur dernière chance.
Cependant, lors de la cinquième partie comme tout au long du match, ce n’est nul autre que Lee « Faker » Sang-hyeok qui a continué d’écrire son histoire. Réaffirmant sa position de numéro 1 mondial, il a encore une fois porté ses coéquipiers jusqu’à la victoire, sous les yeux ébahis des supporters chinois.
Dans un silence de mort, SK Telecom T1 a porté le coup de grâce à Royal Never Give Up, aux espoirs d'Uzi, aux rêves chinois. Pour les spectateurs chinois, c’est la douche froide, l’immense Shanghai Oriental Sports Center ne résonne plus, les visages autour de moi sont fermés. Le contrecoup est à la hauteur de l’immense envie que tous avaient de voir une équipe chinoise en finale. L’an prochain peut-être…
Alors que quelques fans se ruaient pour voir les gagnants saluer, la majorité du public quittait déjà les lieux, dépitée. Impossible de retrouver nos deux supportrices de SKT, dont on imagine la joie dans cet océan de mines déçues.
Bien qu’ils apparaissaient cette année comme plus vulnérables que jamais, les champions en titre ont mis fin aux Worlds de Royal Never Give Up. La fin de cette histoire s’écrira ce 4 novembre à 8h00, lorsque SKT défendra, une nouvelle fois, son titre en finale contre Samsung Galaxy, en live sur O’Gaming.
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